de Sable toutes voiles dehors, & noiis eftimions n’en
être éloignés que de huit lieues le y Septembre au
matin, lorfque le vent revint au fod-efl: très - frais r
avec apparence de mauvais temps ; je me vis obligé
non feulement de renoncer pour cette fois à l’ifîe de
Sable, mais même de m’en éloigner ; inftruit du
danger de m’en trouver trop près par le naufrage d’un
bâtiment de la .flotte de M. le Duc SEnville, que
le" vent y avoit jeté dans un pareil temps de dans la
même làifon ; confidérant d’ailleurs qu’outre l’extrême
agitation de la .mer aux environs de cette ifle,
elle eft alors chargée de beaucoup de -labié qu’elle a
foulevé du fondrplulieurs vailfeaux dans lefquels les
lames en ont jeté en fe déployant établirent le fait,
& l’on conçoit aifément que l’aélion des eaux, qui
fbuvent a pu foule crever des bâtimens, devient plus
violente par le mélange de ces particules folides.
Il me reftoit encore plus de jour qu’il ne m’en
falloit pour relâcher zCanfeau, & j’en pris le parti,
fur ee que le pilote côtier qu’on m’avoit donné à
Louifbourg, m’aflura qu’il connoilfort bien ce port;
je me propofri de plus d’y frire des obforvations , &.
j ’avois toûjours en vue une nouvelle tentative pour
parvenir à fille de Sable.
’Cependant lorfque nous en fumes à moins de deux
iieues il ne reconnut pas la terre, & n’olà pas entreprendre'
d’entrer, mais il promit de nous mouiller
dans un autre port dont il dit être pratique ; je ne
balançai
de rÂmêriqite fepientrionale. j y
balançai-pas à 1 accepter dans la circoifftancc critique-
où nous - étîdnà, le vent augmentant toujours. Enfin,
lorfque nous fumes à deux lieues de la côte de fille
Royale du côté du port Touloufe, il fut encore dans
la même incertitude que devant Canfeau, & avoua
une heure avant la nuit qu’il ne pou voit nous mener
au mouillage, & qu’il falloit tâcher de regagner le
large : nous n’y parvînmes qu’avec beaucoup de peine,
& heu.reùfoment nous 'étions aflez au vent.de la terré
les deux jours fuivans pendant-lefqüels le temps fut fort
mauvaisllir-tout le 9 Septembre, où nous effüyâmes
un coup de vent des plus affreux ; il parcourut fuc-
ceflivement tous les airs de vent, depuis le Aid jufqu’au
oord- oueft en paflant par-l’eh:', & dura’'avec la même
violence 2.9 heures pendant lefquelies nous, 'fumes
plus d’une fois au moment de périr. ‘
/ Quelques heures avant que le vent devînt fx terrible,
un vaifleàu marchand de la R ochelle nommé la
Judith , qui alloit à Louifbourg, vint nous palier à
poupe pour lavoir notre point, après- quoi il mit à la
cape à' côté de nous ; il eut d’abord le gouvernail
emporte, fut enlùite démâté', & périfloit le lende-
main avec des voies1 d’eau cônlîdérables, quand des
bâtimens de pêche Anglôis l’ayant -rencontré en
fauvèrent l’équipage & virent ce bâtiment couler à
fond devant eux.
' P°ur bous, nous euffions peut-être été plus malheureux
encore, fi fol voiles du bateau n’enflent été i