que la Poudrerie de même que la neige, dont elle
eft vrai-femblablementla matière primitive, eft formée
d une brume congelée."
Premièrement, la vue s’étend alors aufli peu, Sc
même moins loin que dans les temps; de la brume
la plus épaiffe, la congélation des Vapeurs qui la
compofent ajoutant à leur denfité.
Secondement, l’élévation de l’une & de Iautre
dans l’atmofphère eft à peu près égale, ne formant
chacune près de fa furfàce de la téfrre qu un voile
alfez mince, au-delà duquel on diftingue quelquefois
le Soleil, lorfqu’il eft à une certaine hauteur.
D ’après ces détails , il eft ailé de fentir combien
d’accidens particuliers fe joignent au froid, d^ailleurs
excelfif en ce pays ; mais l’on n’a pas moins lieu de
s’étonner d’abord de l’extrême différence qu’on
éprouve à cet égard entre cette ifle, meme la plus
grande partie de l’Amérique féptentrionale, & les
lieux dont la latitude eft correfpondante dans le continent
oppofe ; il ne faut cependant, pour faire cefler
la furprife, que jeter fut cette partie de l’Amérique
une vue générale : inculte, prefqüe inhabitée, elle eft
couverte de l^cs glacés pendant plufieuFS mois ;
d’épaifTes forêts la rendent impénétrable aux rayons
du Soleil. A ces raifons on peut ajouter, par rapport
à l’ifle Royale en particulier, qu’indépendamment
des lacs dont elle eft pareillement coupée, elle renferme
dans fon centre un bras de mer çonfidérable,
gelé quelquefois en entier, & dont le froid fe répand
immédiatement fur toute l’ifle qui l ’environne..
Le temps que me laiffa l’interruption du travail
aftronomique, fut employé a. faire des. obfervations
: fui vies du flux &.du reflux de la mer; Je commençai
le 1 Janvier à remarquer, à l’aide d’une montre bien
réglée, l’heure & la minute de la haute & de la bafle
mer, je connus fon élévation & fon abaiflement dans
les mêmes temps, par le moyen d une eçhelle divifee
en pieds.& pouces, que j’avois traqée le long d’un
pilotis de la callê voifine de l’Intendance, en commençant
dé compter depuis le terrein qui n eft jamais
à fec au pied de ce pilotis.
Gette place étoit la plus convenable que je pufle
choifir dans le port , elle toucboit a la ville, &1 agitation
de la mer s ’y faifoit peu fentir ; cependant
comme elle étoit au-delà des portes, je n y pouvois
obferver les marées de la nuit, ce qui me privoit
de plufieurs comparaifbns que j’en aurois pu faire
avec celles du jour.
; Je continuai aflidument Ces obfervations jufqu au
a 6 Avril, en faiiànt attention aux vents qui régnoient;
il fèroit fùperflu de les rapporter toutes ici , je me
contenterai de rendre compte de „celles dont dépend
i’établiflement des marées de Louifbourgj de de quelques
remarques à oe t égard*
La mer eft long-temps étale dans ce port, elle
refte pour l’ordinaire une demi-heure., & quelquefois