La navigation du cabotage étoit ceffée depuis longtemps
, & même le petit nombre de Vaiffeaux qui
partaient encore pour la France ou pour les ides de
F Amérique, faififloient un vent propre à les éloigner
promptement des côtes, que les mauvais temps continuels
rendoient très-périlleufes.
Le ciel s’éclaircit enfin le 19 de Décembre, & jè
pourfùivis mes opérations ; nous melurames le 20 àu
matin, M. de Divers & moi, avec le quart-de-cercle,
l’angle de diftance entre le bord éclairé de la Lüné
# celui du Soleil qui en étoit le plus proche : cettè
obfervation fi.it répétée trois fois avec foin & par un
très-beau, temps, mais quoiqu’elle fut propre a donner
la longitude , c ’était par d’autres plus décîfivès ,
telles que celle dïTiô Novembre, que je youlois
déterminer la fituation de Louijbourg, & je né fis
celle-ci que par précaution, pour y avoir recours aù
défaut des autres que je recherchois , ou pour me
mettre à portée de vérifier lç degré d’exaéfitude de
çette méthode.
Le foir du même jour, j’obfervai Iemerfion du
premier fatellite de Jupiter , le temps étoit alors
couvert à Paris, où cette eclipfe auroit ete vifiblej
mais l’obferVation correfpOndante en fut faite à Ma*
drid par le P. Vendlingen, & en la comparant avec
la mienne, on trouve Je méridien de Louijbourg à
4 heures 8 minutes Si. demie de diftançe de celui
de Paris,
L ’heure
Je tA m ériq u e fep ten trio n a k . 97
. L ’heure de mes deux observations fut exactement
conclue par des hauteurs prifes avant & apres le jour
où elles furent faites ; je me hâtai d’en tranferire les
détails pour profiter du d e r n i e r vaiffeau . qui partir
pour la France le 29 de Décembre, & l’hiver déjà
commencé ne nous laifïa plus d efperance d en voir
arriver avant quatre mois.
- Le ciel couvert m’empêcha de profiter des objets
d’obfervations qui fe préfentèrent enfuite jufqü’au iO
de Janvier 1751, mais il s’éclaircit ce jour-là par.
intervalles: j’eus, des hauteurs correfpondantes du
Soleil, il tomba encore de la neige dans l’après-midi,
mais la foirée fut parfaitement belle , & j’obfervai une
feçonde occultation de l’étoile Ç au genou de Pollux,
par la Lune , dont j’eus l’immerfion avec toute
l’exaétitude poffible.
J ’attendis l’émerfion avec beaucoup d attention ,
mais la grande haüteur.de la Lune, jointe à»b difpo-
fition ingrate de l’endroit où j’obfervois, m’obligeoit
de me tenir couché par terre. Cette attitude que Iç
ffoid exceffif rendoit encore plus gênante la vive
clarté de la planète , m’empêchèrent de voir fortir
l’étoile de fon difque, & elle en étoit déjà afTez
éloignée quand je l’aperçus.
L ’heure fut affinée par les hauteurs du Soleil que
je pris encore le lendemain, dans les intervalles ou la
neige difeontinuoit, & où 1 on apercevoit cet aftre au
travers des nuages légers.