Troijième fortie.
L é 4 de Juin à midi, nous mimés à la voile avec
Un petit vent d’eft-nord-eft, & fîmes foute pour le
cap de fable ; il n’y a voit guère d’apparence que
nous puffions y arriver pour le temps de l’éclipfe,
mais nous efpérions que la fin de la lunaifon nous
y proeureroit queïqu autre obferVation de' longitude*
Comme ce cap tient le milieu entre Lôuijbourg
& Bojlon déjà déterminés, qu’il forme l’ouverture de
fa bai? Fra'nçoife, & qu’il efl fitué à l’extrémité de
l’Acadie, cette obfervastiort devoit être un nouveau
moyen d’éclaircir les doutes où-l’en étoit fiir l’étendue
de fes côtes, indépendamment de la recherche
que je devois en faire par des routes de navigation.
II m’étoit d’ailleprs prefcrit d-’obferver la latitude
de ce cap , & de famé aux- environs différentes
opérations géométriques. Je me propofois enfuite
une nouvelle tentative vers l’ifîe de:Sable> dans la plus
belle fàifon où l’on pût là faire.
Le vent favorable avec lequel nous avions commencé
notre route ceflà'fe foir du jour même de
notre départ, il fut fuivi le lendemain du vent, de
fud-oueft accompagné d’une brume épaiffe ; ce vent,
quoique contraire, étoit modéré ; mais dans la crainte
de trop approcher de la terre yers Canfeau, je
fe l'Amérique Jèptentnonale. 1 1 5
fufpendis la ’route .jufquÿu retour^ du .temps, clair.
Cette crainte étoit juftifiéç par le naufrage auquçl
avoit été, expofée, dans la baie Françoife-.en 174^,
la frégate du Roi la Sirène, fur laquelle j’étoiS; em-
barqué; il n’avoit point eu.d’autre caufe que;i,a.con-
fiance donnée au pilote côtier, qui*malgré l’épaiffeur
de la brume noué avoit engagés de. courir vers la
terre, en s’attribuant une prétendue çonnoiflànçe de
la profondeur & de là qualité du fond. La nature de
la miffion dont nous étions chargés nous .ayant, fo^es.
d’adhérer à qet avis , nous échouâmes fur
entre le Port Rayai & l’ifle Longue ; le peu # vent
qu’il faifoit nous permit cependant^ de remettre la,
frégate à flot & fans avarie, quoiqu’elle fut déjaugée
de 4 pieds fur .des roches- .
La brume fe diffipa le 6 au mâtin, nous approchâmes
de la terre , & n’en étant qu à deux lieues,
Je piloté qôtier, quoique le meilleur de la Colonie,,
Jfe trompa dans fà reconnoiffance’, d pnt pour les
ilîes Michaux à l’ifle Royale, devant lefquelles nou$
devions être par notre point, & étions effeélivement,
les ilîes de Mocodofne à il côte de VAcadie: il prétendit
en être sûr, g rejeta fur un courant imaginairel’erreur
de dix lieues qu.e nous aurions e u e ■
mais nous fumes détrompés par le-rapport d un bâtiment
qui fortoit dtt pOrt Toüloufe*
? Le vent de fud-ouéftcontinua le 6 & le 7, j employai
ces deux jours à gagner le traversée