54 Voyage f u t les cotes
fouvent au mois de Septembre, cette railbn en fut
une de pius pour me déterminer à y aller, malgré
ies rifques que les mauvais temps, plus fréquens
dans cette failon, dévoient me Étire courir, fùi*-
Vant le fehtimént de tous ceux qui lavoient que
j allois l’entreprendre ; mais tfôis jours d’un petit
vent favorable & d’un temps clair fuffifoient pour
cela , j efperois lés avoir , & qu’ils fiiccéderoient
aux temps de brume & aüx coups de vefit qu’il fàifoit
depuis trois femaines.
Il étoit fix heures du fbir lorfque nous fumes for-
tis du port , je fis le relèvement de la terre, St nous
partîmes dè ce point pour l’ifîe dé Sable, fai fan t routé
au fud-fiid-oueft, avec Je vent au nord^ouefi petit fois.
Il ne nous mena pas loin, il varia pendant là nuit
infenfiblemeiit jufqu’au fud -ou eft, où il fe décida
le lendemain 2e au matin; nous ne voyions plus fa
terre , nous retournâmes Vers elle pour la reconnoître
& pour partir d’un nouveau point de relèvement,
lorfque le vent redeviendroit favorable : nous louvoyâmes
tout le jour pour l’attendre, & comme le
foir il paroîfToit au contraire augmenter, St le temps
s obfcurcir encore-, je relâchai à Gabarus, où dès que
nous fumes mouillés, le vent força au fud St continua
tout le lendemain avec beaucoup de pluie.
Le 4 à i o heures du matin, il vint au nord-oueft
petit frais, nous appareillâmes St fîmes de nouveau
route pour fille de Sable, après avoir relevé la terre;
de ŸAmérique feptentrionale. y.y
mais le vent augmentoit à mefure que nous avancions.
& nous a voit déjà obligés de prendre deux ris, lorfque
vers le foir fraîchifïànt toujours plus du côté du
nord, St par grains, avec la mer groffe, il me parut
qu’il feroit imprudent de rifqucr d’approcher de cette
ille : en effet fi une fois nous y euffions été affalés
St que ce vent eût forcé, nous aurions été expofés
à périr fans rèffource fur les battures de roches qui
avancent dans le nord-eft & le nord-ouefl aux (leux
pointes de l’ifîe, d’autant que j’avois reconnu que le
bateau viroit difficilement de bord vent devant ainfï
je fis reprendre les. amures & courir, la bordée vers.
C'anfeau..
J’efpérois' être de ce côté dans une pofkion plus
favorable à mon objet, lorfque le vent, qui dans cç
pays eft prefque toûjours de l’oueft au fud - ouefl
viendrait de ce côté, parce qu’il permettrait d’en.
approeher fans danger.
Le y au matin celui de nord-oued étant un peu
diminué, je fus. tenté de reprendre la route de l’ifle
de Sable, mais il augmenta de nouveau fl frais- qu’il
ne fut pas poffible de le faire ; le 6 il calma tout-à^-
fait, St il y eut un peu de brife du fud - eft.. Nous;
fîmes route fur la terre , St reconnûmes le port de
Martingau à l’oueft de Canfeait, dont nous n’étions;
éloignés que de trois lieues, à l’entrée de la rcuitv.
A 2 heures après minuit’, le vent pafïà à l’oueff;-
fcd-oueft „ nous, fîmes fur le champ route pour i’ilhe