
ses portions, chacune d’elles pourra continuer de vivre
en restant dans l’eau, reprendra la forme et la taille de
l’individu dont elle provient, et en constituera un particulier
; on sentira que ce fait observé montre que tous les
points du corps en question jouissent d’une vie indépendante
, et que conséquemment l’organisation de ce corps
doit être extrêmement simple.
En effet, le sac alimentaire, constituant une seconde surface
absorbante, n’est ici qu’auxiliaire pour fournir la nutrition
à tous les points vivans, les polypes avoisinant de
très-près des animaux (les infusoires) qui ne vivent que
par l’absorption de leur surface extérieure. Ainsi, la portion
séparée de leur corps pourra vivre d’abord à la manière
des infusoires, et rétablir, en se développant, la seconde
surface absorbante qui appartient à leur nature.
XJne organisation plus compliquée ne saurait certainement
remplir ces conditions.
E nfin, une dernière considération achèvera de faire
connaître les animaux dont il s’agit : elle consiste dans un
fait singulier dont on ne trouve guère d’exemple dans le
règne animal que parmi eux , et qui s’observe effectivement
dans le plus grand nombre de ces animaux.
Plusieurs polypes de la même espèce adhèrent les uns
aux autres, soit par des appendices latéraux, soit par leur
extrémité postérieure ; communiquent entr eux par ces
moyens ; digèrent en commun les matières nutritives
dont chacun d’eux s’est emparé; en un mot, participent à
une vie commune , sans cesser de jouir d’une vie indépendante
dans tous les points de leur corps. Ils forment
donc véritablement des animaux composés. [ Y oyez l’Introduction,
p. 66. ] Lorsque je traiterai des polypes à
polypier, je donnerai quelques détails sur certains de ces
animaux composés.
Ainsi , quoique les polypes soient, après les infusoires
, les animaux les plus simples et les plus imparfaits
de la nature , ils ont déjà des organes particuliers et des
facultés dont les infusoires, en général, ne jouissent pas ;
puisqu’ils peuvent digérer des alimens , qu’ils ont un organe
spécial pour cette fonction, et qu’ils peuvent former
des animaux composés.
Quelles que soient les variations de grandeur, de
forme, de proportion de parties , de nudité ou d’appendices
externes, que l’on puisse observer parmi les polypes
; il n’en est pas moins vrai pour moi, que le corps
gélatineux, allongé, et presque toujours régulier des vrais
polypes, n’offre intérieurement aucun autre organe, pour
une fonction particulière, qu’un canal alimentaire simple
ou composé , n’ayant qu’une seule ouverture au-dehors,
qui est la bouche. On pourra supposer dans ce corps tout
ce que l’on voudra, et comme je l’ai d it , les attributions
arbitraires seront alors d’autant plus à l’abri des contestations
que les parties qui en sont le sujet seront moins dans
le cas de pouvoir être reconnues pour ce qu’elles sont
réellement.
A ces égards, je me guide par l'observation de la nature
, qui m’apprend que tous les animaux ne sont point
organisés de la même manière ; qu’il y a entre l’organisation
des uns et celle des autres une énorme disparité ;
quelle les a produits successivement et non tous k-la-fois ;
et qu’enfin, dans cette production, elle n’a pu compliquer