chair mince que fournit l’extrémité antérieure de chaque
polype ; ce polypier, dis-je , n’est intérieur qu’à la masse
commune que forment les polypes, sans cesser d’ètre positivement
extérieur à chacun d’eux ; ce qui est de la plus
grande évidence.
J’ajoute qu’il est facile de concevoir, d’après cet exposé,
que la masse commune des polypes, considérée abstraction
faite du polypier, est une masse remplie de vides
ou d’interstices dilférens qui communiquent entr’eux ; que
de même la masse commune que forme un de ces polypiers,
considérée sans les polypes , est aussi une masse
remplie de vides ou d’interstices différens qui communiquent
pareillement entr’eux. Ainsi, la connaissance d’un de
ces polypiers peut donner une idée des polypes qui l’ont
formé ; et si l’on pouvait se procurer celle d’une masse de
ces polypes, on pourrait se faire une idée du polypier
qu’ils peuvent produire.
Enfin , l’examen du polypier et de chacune de ses parties
, constate qu’il est lui-même un corps parfaitement
inorganique , étranger aux animaux qui l’ont fait exister ,
et qu’il résulte de matière successivement déposée, qui
s’est ensuite concrétée et solidifiée. Si l’on examine, en
effet, une lame séparée d’une étoile ou d’un ambulacre ,
à la transparence, on est bientôt convaincu que cette
lame, d’une substance continue comme un morceau de
verre , est tout-à-fait inorganique.
Il est donc aisé de reconnaître que , quoique les nombreux
polypes d’un madrépore, d’une méandrine , d’une
astrée, etc., adhèrent ensemble et enveloppent leur polypier
, s’ils laissent entr’eux des vides, et si leurs appendices
latéraux ont des lacunes , ils rempliront de matière pierreuse
tous lés vides qui existent entr’eux , formeront ainsi
toutes les parties de leur polypier , n’en laisseront aucune
à nu, en recouvriront même la surface supérieure, et
néanmoins ce polypier leur sera véritablement extérieur?
ne sera nullement organisé , et aura été réellement formé
par juxta-position : voilà ce qu’il s’agissait de démontrer.
Ainsi, ce polypier ne peut être comparé en rien aux végétaux
qui se développent et s’accroissent par une organisa"
tion intérieure, et par résultats de fonctions vitales.
Les polypiers pierreux dont il s’agit t, nous offrent des
masses très-diversifiées dans leur forme, et contenant»
outre leur porosité , une multitude de cellules diversement
amoncelées et disposées selon les genres et les espèces.
Ces polypiers semblent croître, et augmentent, en
effet, continuellement en volume, tant qu’ils sont au dessous
du niveau de la mer , par les générations des polypes
qui se succèdent rapidement et perpétuellement.
Chaque polype ne fait par lui-même qu’une très-petite
addition au polypier commun 5 mais l’énorme multiplication
des polypes dans les mers des climats favorables, et
conséquemment les nouvelles générations qui succèdent
promptement aux précédentes, font que ces polypiers
augmentent sans cesse leur volume, forment des bancs
sous-marins d’une étendue illimitée , et ne rencontrent de
borne à leur accroissement que lorsqu’en dessus ils atteignent
la surface des eaux , et latéralement qu’ils arrivent
à des climats défavorables aux animaux qui les produisent.
Quê de considérations importantes ne pourrais-je pas