
moins imparfaits, moins simples en organisation , etpluâ
avancés en animalisation que les infusoires.
Cependant ces animaux sont encore beaucoup plus imparfaits
que ceux des classes qui vont suivre ; ca r , non
seulement ils n’ont point de tête , point d’yeux, point de
sens quelconque ; mais en outre , on ne trouve en eux
ni circulation , ni organes particuliers , soit pour la
respiration , soit pour la fécondation , soit pour le mouvement
des parties ; en un m o t , on ne leur connaît ni
cerveau, ni nerfs quelconques. La substance de leur corps
est en quelque sorte homogène ; et comme elle est constituée
par un tissu cellulaire gélatineux et irritable , dans
lequel les fluides essentiels à la vie ne se meuvent qu'avec
lenteur , le mouvement lent de ces fluides n’y saurait encore
tracer des canaux, et y favoriser la formation de
nouveaux organes particuliers. Philos, zool. vol. 2, p. 46.
J ’ai assez montré , dans mes leçons et dans ma Philo sophie
zoologique [vol. 1 , p. ao3] , que ce serait très-
gratuitement, contre toutes les apparences, et contre la
raison, qu’on supposerait aux animaux dont il est question
, la possession, quoiqu’en petit , de tous les organes
spéciaux qui composent l’organisation des animaux les
plus parfaits ; et qu’on le ferait dans l’intention de leur
attribuer surtout la faculté de sentir, et celle de se
mouvoir volontairement. Ces facultés ne leur sont nullement
nécessaires ; ils vivent très-bien sans les posséder,
n’en ont aucun besoin , et dans l’état de faiblesse où se
trouvent leur organisation et les parties de leur corps,
tout autre organe particulier que le digestif ne leur serait
d’aucun usage , et ne saurait exister.
D’après ce que je viens d’exposer , il est évident que
lés polypes ne jouissent pas plus du sentiment que les infusoires
, puisque les uns et les autres sont véritablement
dépourvus de nerfs , et qu’après eux, les animaux qui
offrent les premiers vestiges de nerfs, n’ en obtiennent
pas encore la faculté de sentir, mais seulement celle des
mouvemensmusculaires. Phil. zool. vol. p. 2i3etsuiv.
Les polypes ne possèdent donc aucun sens quelconque
; et conséquemment ils n’ont pas même le sens général
du toucher , dont les actes ne s’opèrent que par la
voie des nerfs. Mais comme ces animaux sont extrêmement
irritables , les corps extérieurs , en agissant sur eux,
excitent en eux des mouvemens que , par erreur, l’on a
pris pour des indices de sensations éprouvées. Ainsi, lorsque
la lumière les frappe , ou que le bruit fait parvenir
jusqu’à eux les ébranlemens de la matière environnante
qui le cause, leur corps reçoit des impressions que suivent
des mouvemens qui les désignent ; mais il n’en est
pas moins très-vrai que ces animaux ne sentent, ni ne
voient, ni n’entendent.
Parmi les impressions diverses que les polypes peuvent
éprouver de la part des corps extérieurs qui agissent
sur eux , celles qu’ils reçoivent de la lumière, favorisent
singulièrement leurs mouvemens vitaux, leur transpiration
, et leur sont très-avantageuses. Aussi ces animaux se
dirigent - ils alors, sans mouvemens subits , mais lentement
, vers les lieux, ou vers le côté d’où vient la lumière
; et ils le font sans choix, sans volonté mais par
une nécessité, c’est-à-dire, par une cause physique qui les
y entraîne. La même chose arrive aux végétaux , quoi