
lement varie des cellules des polypes. Les uns sont de
substance entièrement ou partiellement pierreuse et calcaire
; les autres sont de matière cornée ; et d^autres encore
sont simplement membraneux, quelquefois même presque
uniquement gélatineux.
Ils presenten! , comme je l’ai dit, des masses diversement
ramifiées ou dendroïdes, quelquefois simplement
erustacées, ou foliacées, ou réticulaires.
La plupart de ces polypiers sont fixés sur des corps
solides et marins, et souvent les uns sur les autres. Ceux
qui sont libres et simplement gissant sur le sable, sont,
comparativement aux premiers, en très-petit nombre.
Les cellules des polypiers sont tantôt courtes, tantôt
plus ou moins longues, tubuleuses, à orifice régulier ou
irrégulier, et à parois intérieures, soit simples, soit striées
longitudinalement, soit enfin lamellées en étoile.
Nous sommes réduits a ne posséder que ces polypiers
dans nos collections, pour les étudier comparativement,
afin de nous former une idée de la diversité des genres
et des especes des polypes qui les ont formés ; parce qu’il
est impossible de conserver les animaux qui les habitent,
ces animaux périssant, séchant et disparaissant dès que
leur polypier est hors de l’eau. Mais il en est de ces polypiers
comme des coquilles a 1 egard des mollusques qui
les ont formées; des polypes parfaitement semblables,
c est-à-dire, de la même espèce, ne peuvent former des
polypiers qui diffèrent dans leur caractère essentiel; et
des polypes d’espèces différentes ne peuvent habiter des
polypiers parfaitement semblables.
Pendant long-temps les naturalistes prirent pour des
plantes marines les diverses masses polypifères et plus ou
moins rameuses qui appartiennent aux animaux de cet
ordre. Taurnefortm&me y fut trompé comme les autres,
et en fit mention parmi ses genres de plantes, dans ses
élémens d,e botanique, et dans ses Institutiones rei her-
banoe ; ce qui lui donna lieu de former les 9 derniers
genres de sa 17.» classe. [ Acelabulum, corollina)y
eorallumij madrepora, Uihophytorij tubularia, spongia,
eschara j alcyoniumé\
Ce ne fut qu’en 1727 que Peyssonnel découvrit que
les coraux constituaient les habitations d’un grand nombre
de petits animaux qui ne pouvaient vivre ailleurs. Tremblay
étendit en quelque sorte cette découverte, en faisant
connaître les polypes d’eau douce, tels que les vorti-
eelles, plusieurs hydres, etc,; et Ellis, excité par les
observations très-curieuses de Tremblay, découvrit enfin
les animaux analogues qui habitent les serlulaires, les
escares les gorgones „ etc. ; ce qui conduisit bientôt à la
connaissance de ceux qui habitent les madrépores , les
mille pores, etc.
Ainsi, jusqu’à Tournefort inclusivement, les polypiers
ayant été pris pour des plantes marines , la découverte de
Peyssonnel fit changer totalement l’opinion des naturalistes
; et Jléaumur, Bernard de Jussieu > J)onati*
JEUis, etc., reconnurent et prouvèrent que, malgré la
configuration rameuse de la plupart, tons les polypiers
»’étaient généralement que des habitations d’une multitude
de petits animaux vivant ensemble, et que ces polypiers
avaient été formés par ces petits animaux, qui en augmentaient
sans cesse l’étendue en s’y multipliant.