On était enfin parvenu à connaître la vérité, relativement
a la nature de ces objets intéressans, lorsque Linnér
et ensuite PallaSy considérant de nouveau la configuration
rameuse de la plupart des polypiers $ la gemmation
des polypes à la manière des plantes, et croyant recôn-
naître dans différons polypiers une écorce et des racines,
introduisirent une nouvelle erreur à leur égard.
En effet, Linné et Paflas, prenant un terme moyen
entre l’opinion ancienne qui considérait les polypiers
comme des productions purement végétales, et l’opinion
nouvelle de leur temps qui plaçait ces objets parmi les
productions uniquement animales, se persuadèrent que
les objets dont il s’agit, participaient de la nature de l’animal
et de celle de la plante. En conséquence, ils donnèrent
k ces mêmes objets le nom de zoophytes, qui
veut dire animaux-plantes, et iis les regardèrent effectivement
comme des animaux végétant, fleurissant, croissant
sous les formes et à-peu-près par les mêmes voies
que les plantes, en un mot, comme des êtres dont la
nature participe en partie de celle de la plante et de celle
de l’animal.
Comme il s’agit ici d’une erreur importante pour les
progrès de la Zoologie et de l’Histoire naturelle; comme
ensuite nos connaissances actuelles sur la véritable nature
des animaux et sur celle des végétaux nous mettent maintenant
en état de reconnaître cette erreur et par conséquent
de la détruire; enfin, comme je puis présenter des observations
qui sont décisives k cet égard, j’invite mes lecteurs à
donner k cette discussion toute l’attention possible, afin qu’ils
puissent savoir positivement k quoi s’en tenir sur cet objet,
Je puis assurer et prouver qu’il n’y a rien, dans les
prétendus zoophytes les mieux ramifiés, qui tienne de
la nature d’un végétal, si l’on en excepte l’apparence ou
la configuration extérieure. Tout y est animal ou production
animale.
Le polypier est tout-à-fait distinct des animaux qu’il
contient, comme le guêpier l’est des guêpes qui l’habitent ;
il leur est de même toujours et tout-à-fait extérieur, ce
que je vais prouver dans l’instant ; et quelles que soient la
configuration de ce polypier et sa consistance, il n’offre,
dans sa nature, qu’une production véritablement animale,
ce que l’analyse atteste, et ce que constate sa structure,
qui n’offre aucune trace d’organisation.
Quant aux polypes qui habitent ce polypier, ce sont
évidemment et uniquement des animaux, puisqu’ils jouissent
de la faculté d’exécuter des mouvemens subits aux
provocations des causes extérieures, qu’ils sont éminemment
irritables, et qu’ils ont une bouche et un sac alimentaire
très-distincts. Par le moyen de leurs espèces
de bras, ils arrêtent la nourriture qui leur est nécessaire,
la saisissent, la retiennent, l’avalent, en digèrent les parties
qui en sont susceptibles, etTejettent ensuite tout ce
qui ne leur convient pas. Ces facultés et ces caractères
sont assurément propres et exclusifs aux animaux.
Les polypes dont il s’agit sont renfermés chacun dans
une petite cellule du polypier qu’ils ont formé par une
transudation de leur corps ; et quoiqu’ils soient individuellement
isolés dans leurs cellules, ils communiquent
ensemble par leur partie postérieure, au moins daus la
plupart des races,