
Les polypes des polypiers pierreux, et surtout ceux des
polypiers lamelliferes sont les moins connus des animaux
de cette classe , et ceux qui ont été le moins observés. On
n’a encore presque rien écrit, d’après l’observation , sur
ces singuliers animaux, si l’on en excepte ceux du mille-
pora truncata > et ceux du madrepora arborea dont je
fais une caryophyllie. Mais, par des observations générales
que m’ont communiquées des voyageurs naturalistes, je sais
que les polypes des polypiers lamelliferes soùt analogues
aux autres polypes dans tout cé qu’il y a d’essentiel à leur
organisation, et que la plupart offrent cela de particulier,
qu’ils adhèrent latéralement les uns aux autres, enveloppant
totalement le polypier de leur chair, comme s’il leur
était intérieur.
J’ai déjà fait voir que les polypes des polypiers dont il
est ici question , adhèrent les uns aux autres, dans leur partie
antérieure, par des appendices latéraux de leur corps ,
appendices qui sont lamelliformes ; que la transudation de
ces appendices remplit leurs interstices de matière qui,
en se concrétant, y forme les lames et autres parties pierreuses
du polypier ; qu’enfin l’appendice le plus anterieur
du corps de chaque polype se réunissant horizontalement
à ceux des polypes voisins, il en résulte une couche ou membrane
gélatineuse qui recouvre entièrement le polypier au
dehors. O r , les observations qui m’ont été communiquées
confirment ce fait.
On a effectivement observé que, dans la mer, leS polypiers
glomérulés dont il s’a git, étaient recouverts d’une
chair gélatineuse peu épaisse , sur laquelle , dans les temps
de calme , on apercevait des rosettes de tentacules parsemées
à sa surface. Quelquefois ces rosettes, toujours à
huit rayons , paraissaient sessiles sur la chair commune ;
et d’autres fois, la partie antérieure et exsertile de ces polypes
, s’élançant sous la forme d’un globule pédiculé ,
s’épanouissait ensuite en une étoile a huit rayons. Le pédicule,
strié longitudinalement, offrait les indices des lames
latérales de ces polypes.
ImperatOj auteur italien , est, à ce qu’il paraît, le premier
qui ait dit que les madrépores , que tout le monde
regardait alors comme des végétaux marins , étaient au
moins une production moyenne entre les plantes et les
animaux.
- En effet, il observa que leurs cellules , dont la nature
est véritablement pierreuse , étaient chargées ou couvertes
d’une substance membraneuse, animale et vivante.
Par la suite, Donati et Ellis confirmèrent son opinion ,
mais donnèrent très-peu de détails sur les animaux mêmes
qui produisent et habitent les madrépores. Ce qui résulte
de leurs observations , c’est que le corps des polypes des
madrépores, qu’ils ont vu dans l’état frais ou vivant, est
beaucoup plus court que celui des autres polypes.
Un naturaliste qui a eu occasion d'observer les animaux
vivans de plusieurs madrépores , dans ses voyages , aux
Antilles et à Cayenne , m’a assuré que , dans les madrépores
glomérulés, les astroïtes , les méandrites, etc. ,
joute la masse du madrépore lui a paru couverte d’une
matière animale et gélatineuse sans discontinuité, comme
c’était un seul animal, et que la superficie de celte masse
de matière était parsemée de rosetteslle tentacules correspondantes
aux cavités en étoiles du madrépore. Il a ajouté