
des polypes qui y ont donné lieu , on n’a cherché en lui
que des distinctions à établir.
Les polypes à polypier, improprement et obstinément
appelés zoophites, autrefois pris pour des végétaux, regardés
ensuite comme les points de réunion entre le règne animal
et le règne végétal, et également méconnus sous cesdeux
points de vue différens, se rencontrent dans presque tous
les climats. Ils sont néanmoins beaucoup plus abondans
dans les mers de la zône torride que dans les eaux glacées
des pôles.
Si ce ne sont pas eux qui génèrent ou produisent la plus
grande partie de la matière calcaire qui existe, çe sont eux
du moins qui la recueillent principalement, la rassemblent
et en font des dépôts immenses. Ils influent, dans
les climats chauds, plus puissamment qu ailleurs, aux chan-
gemens des côtes , à accroître les .inégalités du fond des
mers, et à modifier sans cesse l’état de la surface du
globe. Tantôt, en effet, ils bouchent l’entrée d'une rade
en y élevant des récifs, c'est-à-dire, des digues impénétrables
aux vaisseaux ; tantôt ils achèvent la clôture d’un
port ; et tantôt enfin ils élèvent au milieu des vastes plaines
de l’Océan, des îles dont ils étendent continuellement la
circonférence et la grandeur.
Ces frêles animaux se multiplient avec une facilité ,
une promptitude et une abondance si grandes , que la
place qu’ils tiennent dans la nature par leur nombre, est en
quelque sorte immense , et vraisemblablement de beaucoup
supérieure à celle de tous les autres animaux réunis.
L ’histoire naturelle des polypes est donc véritablement
liée à l’histoire physique de notre globe. Aussi j’ai prçuvé
dans différens de mes ouvrages et dans mes leçons,
qu’outre les influences à cet égard des mollusques et des
annelides testacés , c’est principalement aux générations
successivement entassées des polypes à polypier pierreux,
que sont dus ces bancs énormes de craie et ces montagnes
calcaires qu’on trouve en si grande quantité sur toute la
surface du globe ; c’est du moins aux abondans produits
de ces polypes , qu’il faut attribuer la plus grande partie
du calcaire marin, qui se trouve dans les régions sèches
ou découvertes de la terre, et que quelques naturalistes
distinguent de celui qu’ils nomment calcaire d'eau douce
qu’ils y trouvent aussi.
Ainsi, ces animaux, quoique des plus imparfaits, sont
des plus nombreux dans la nature j et si leur nombre ne
l’emporte pas en diversité d’espèce sur celui de tous les
autres animaux réunis, il l’emporte probablement par la
quantité des individus, leur multiplicité dans les mers ,
surtout des climats chauds, étant immense , inconcevable.
Sauf p'eut-être la classe des insectes, qui est aussi très-
nombreuse , toutes les autres classes du règne animal sont
petites comparativement à celle qui comprend les polypes.
D’après ce qui vient d’être exposé, on peut donc dire
que ce sont les polypes qui, de tous les animaux, ont
le plus d’influence pour constituer la croûte extérieure
du globe dans l’état où nous la voyons.
Après les infusoires, les polypes sont les animaux les
plus anciens de la nature ; car , dans cette branche , elle
n’a pu donner l’existence à une organisation plus composée
, qu’après avoir amené celle qui constitue leur na