
Cependant M. Péroji dit avoir observé, dans certaines
méduses, les apparences de fibres qu’il regarde comme
musculaires. Mais , dans les corps organisés, partout où il
y a des fib res , il n’y a pas nécessairement de muscles ; les
végétaux en offrent la preuve ; et tant qu’on n’y trouvera
pas en même temps des nerfs partant d’une masse médullaire
principale ou de plusieurs de ces masses, je ne
regarderai point ces fibres comme musculaires.
D’ailleurs, dans un corps entièrement gélatineux et
presque sans consistance, des fibres musculaires manqueraient
tellement de point d’appui, qu’il leur serait
difficile, pour ne pas dire plus, d’exécuter leurs fonctions
: cela me paraît incontestable. On peut ajouter
qu’on ne connaît dans ces animaux aucun mouvement
de parties qui soit indépendant de ceux de tout le corps,
quoique la contractilité seule en puisse produire de cette
sorte.
Si ces animaux digèrent rapidement de petits poissons
et autres corps vivans dont ils se nourrissent, c'est sans
doute en dissolvant promptement ces corps , à l’aide de
fluides particuliers dont ils les empreignent ; aussi n’ont-
-ils point de parties dures à la bouche pour les brover ,
et ils n'en peuvent avoir , manquant de muscles pour les
mouvoir.
Dans presque toutes les radiaires mollasses j et surtout
dans la nombreuse famille des méduses , on observe pendant
la vie de ces animaux , un mouvement isochrone ou
mesuré et constant, qui se fait sentir dans la masse principale
de leur corps. On a pensé qu’il leur servait à se
déplacer dans les eaux; mais il est probable qu’il ne sert
qu’à faciliter en eux l’exécution des mouvemens vitaux.
D’abord , on est autorisé à croire que ce mouvement
régulier nê provient nullement d’une action musculaire ;
car il faudrait que ces animaux eussent des muscles, et
qu’ils eussent aussi un système nerveux assez puissant pour
entretenir, pendant la durée de leur vie,, sans interruption,
et sans fatigue , ce même mouvement, comme le fait
le système nerveux des animaux qui ont une circulation
sans cesse entretenue par les mouvemens du coeur.
Ensuite, l’on doit reconnaître que ce mouvement isochrone
des radiaires mollasses ne provient pas non plus
des suites de la respiration de ces animaux; car, après les
animaux vertébrés, la nature n’offre, dans aucun animal,
ces mouvemens alternatifs et mesurés d’inspiration et d’expiration
du fluide respiré. Ce n’est même que dans les
mammifères et les oiseaux,que ces mêmes mouvemens
ont une régularité distincte ; dans les reptiles et dans les
poissons, ils perdent cette régularité et deviennent arbitraires
; enfin, dans les animaux sans vertèbres on ne les
aperçoit plus. Quelle que soit la respiration des radiaires ,
elle est extrêmement lente et s’exécute sans mouvemens
perceptibles^
Il est bien plus probable que les mouvement isochrones
des radiaires mollasses sont, comme je l’ai dit | le produit
des excitations de l’extérieur, excitations continuellement
et régulièrement renouvelées dans ces animaux
; et en effet je puis démontrer que ces mouvemens
résultent des intermittences successives entre les masses
de fluides subtils qui pénètrent dans l’intérieur de ces
animaux, et celles des mêmes fluides qui s’èn échap