
et aux facultés régénératives de toutes les portions de
leur corps ; faits qu’on ne soupçonnait nullement pouvoir
exister dans aucun animal.
Ces faits nous apprirent qu’il n’est point vrai que tout
animal provienne d’un oeuf, et conséquemment d’une génération
sexuelle ; car tout oeuf contient un embryon qui a
exigé une fécondation sexuelle pour être capable de donner
naissance à un nouvel individu , et cet embryon est forcé de
rompre les enveloppes qui le renferment pour opérer tousses
développemens. On sait assez maintenant que rien de tout
cela n’a lieu à l ’égard du bourgeon d’une hydre.
Le corps des hydres est gélatineux , diaphane, linéaire-
cylindrique ou en cône renversé et atténué en pointe inférieurement.
Il se fixe spontanément par sa base sur différens
corps. Son extrémité supérieure présente une bouche évasée,
servant k-la-fois d’anus, et qui est entourée de six à douze tentacules
filiformes ousétacés, cirrheux, quelquefois très-longs.
Ce corps n’est qu’une espèce de sac allongé, dont les parois
sont formées d’un tissu cellulaire ou utriculaire, gélatineux
et absorbant. En effet, toute sa substance étant vue
au microscope n’offre qu’une multitude de petits grains ,
qui ne sont autre chose que les utricules qui la composent,
et non des organes particuliers, comme ohl’a supposé.
On sait que les hydres se multiplient par bourgeons à la
manière de la plupart des végétaux , et que ces bourgeons,
pour acquérir leurs développemens , n’ontaucune enveloppe
particulière a rompre, et qu’ils ne font que s’étendre pour
prendre graduellement la forme de l’hydre dont ils proviennent.
Ils naissent latéralement sur le corps de Yhydre comme
une branche sur un tronc , et s’en séparent promptement
ou tardivement, selon l’époque de la saison où ils se sont
formés. Ceux qui naissent en automne se détachent bientôt
sans se développer en hydre, tombent et se conser vent dans
l’eau pendant l’hyver; mais ceux qui naissent auparavant
ne se séparent que tardivement, en poussent eux-mêmes
d’autres de la même manière après s’être développés, et
alorsl’animal se ramifie comme un végétal. Tous ces polypes
encore adhérens à leur mère et les uns aux autres , se nourrissent
en commun ; en sorte que la proie que chacun d’eux
saisit et avale, se digère et profite à tous les polypes.
Quant à la formation de ces bourgeons, et ensuite à leur
développement, voici ce que l’on observe.
On voit d’abord paraître sur le corps de Y hydre une petite
excroissance latérale qui bientôt prendla forme d’un bouton.
Si la saison n’est pas trop avancée , ce bouton ^ au lieu de se
détacher et de tomber sans développement, s’allonge peu-a-
pe\i , s’amincit ou se rétrécit vers sa base , enfin , s’ouvre et
pousse des bras en rayons à son extrémité.
Il est connu que si l’on retranche une partie quelconque
d’une hydre , elle repousse bientôt. Si l?on coupe l’hydre en
deux dans quelque sens que ce soit, chaque moitié redevient
une hydre entière. Il en sera de même des plus petites parties
du corps de ces polypes que l’on pourra couper; en deux
jours, chacune d’elles formera une hydre complète.
Tremblay dit avoir retourné un de ces polypes, comme on
retourne un gant, sans qu’il ait cessé de vivre et de faire
ses fonctions animales.
Ces polypes vivent de naïdes , de monocles, et d’autres
petits animaux aquatiques qu’ils saisissent avec leurs tentacules.
Ils sont sensibles au bruit, et recherchent les impressions
de la lumière qui est favorable a l’activité de leurs mouve-
mens vitaux ; mais si tous les points de leur corps sont susceptibles
d’être affectés par ces impressions, ils n’en reçoivent
pas des sensations réelles.