bent subitement pour se rapprocher de la surface
antérieure de cet os inter maxillaire , et décrire
une courbe demj-circulaire dont la convexité est
dirigée en avant. Ils sont si étroits dans cet en*
droit, que, à moins d’une action musculaire de
la part de l’animal pour les dilater , les liqueurs
qu’il aspire ne montent point au-delà ; il n’y a
point d’autres valvules que ce rétrécissement même,
et les cartilages du nez, auxquels Perrault a attribué
la fonction d’arrêter l’ascension des liqueurs,
n’y contribuent point du tout. Au-dessus de cette
courbure , le canal de chaque narine se dilate pour
se rétrécir une seconde fois; cette dilatation a
lieu au-devant de la partie supérieure de l’os
intermaxillaire : et le rétrécissement à l’endroit
où le canal se courbe en arrière pour déboucher
vers la narine osseuse. Cette seconde courbure
est protégée en avant par le cartilage du nez ,
qui a la forme d’un bouclier ovale , très - convexe
dans le mâle que nous avons disséqué, mais
beaucoup plus plat dans la femelle; différence
qui étoit très-sensible à l’extérieur, et qui faisoit
distinguer nos deux éléphans au premier coup-
d’oeil, mais qui ne tenant qu’à ce cartilage ne
subsiste plus dans le squelette.
D’ailleurs il s’en faut bien que cette différence
extérieure caractérise toujours le sexe des éléphans.
Le mâle des Indes à longues dents que
l ’on a eu ensuite au Muséum, et que nous avons
aussi disséqué , n’a point çette saillie de la base de
la trompe. La membrane qui revêt tout l’intérieur
de ces canaux est assez sèche, légèrement
mais régulièrement sillonnée de rides fines et serrées,
formant des losanges; sa couleur est d’un
jaune verdâtre : pn y remarque quelques rameaux
veineux peu serrés , et, en général, sa texture
ressemble si peu à celle de la membrane pituitaire,
que nous ne croyons pas du tout qu’elle
soit, comme quelques auteurs l’ont prétendu, une
prolongation du siège de l’odorat; L ’usage que
l’animal fait de ce même canal pour pomper sa
boisson , ne nous paroît pas avoir permis à cette
membrane interne d’avoir le tissu délicat nécessaire
à l’exercice de ce sens, parce qu’alors elle
auroit été affectée douloureusement par les liquides
, comme l’est notre membrane pituitaire, lorsque
notre boisson entre dans le nez. C’est une
raison semblable qui fait que le sens de l’odorat
n’existe point du tout dans les narines des cétacés,
parce qu’elles servent de passage continuel à
l’eau de la mer, que ces animaux font jaillir
en jet d’eau. L ’odorat est donc, selon nous, restreint
, dans l’éléphant, à la partie des narines renfermée
dans les os de la tête.
Les muscles delà trompe n’ont d’autre destination
que de faire prendre au double canal que
nous venons de décrire, toutes les inflexions que
l’animal juge à propos de lui donner. Quoique ces
muscles soient extraordinairement nombreux , ils
peuvent cependant être réduits à deux ordres prin