en employant une portion de la vie de chaque individu
, pendant qu’elle est à son plus haut période,
à én développer d’autres qui le remplaceront un
jour.
La génération est le plus grand mystère que
nous offre l’economie des corps vivans, et l ’on
peut dire que sa nature intime est encore couverte
des ténèbres les plus absolues. Aucune observation
directe ne nous autorise à admettre la formation
d’un corps vivant de toutes pièces, c’est-à-dire,
par la réunion de molécules rapprochées subitement.
La comparaison que l’on a voulu faire de là
génération avec la crystallisation , n’est nullement
fondée sur une véritable analogie j les crystaux
sont formes de molécules similaires , qui s’attirent
Indistinctement, et se collent les unes aux autres
par leurs faces , lesquelles déterminent l’ordre de
leurs rangées : les corps vivans se composent d’une
multitude de libres ou de lamelles , hétérogènes
dans leur composition , diversifiées dans leur configuration,
et dont chacune a sa place marquée 4
ne pouvant être que dans un lieu , entre d’autres
fibres ou lanrfelles déterminées. De plus i dès
l ’instant où les corps vivans existent , quelque
petits qu’ils soient encore, ils ont toutes leurs parties
; ce n’est point par l’addition de nouvelles couches
qu ils croissent, mais par le développement
tantôt uniforme, tantôt inégal de parties toutes
préexistantes a tout accrôisseine^iit sensible»
L a seule circonstance commvtne à toute généra-
X X IX e Leçon. Génération 5
fion, et par conséquent la seule essentielle, c’est
que chaque corps vivant tient, dans les premiers
instans où il commence à être visible, à un corps
plus grand, de même espèce que lu i, dont il fait
partie , et par les sucs duquel il se nourrit pendant
un certain temps j c’est sa séparation de ce corps
plus grand , qui constitue la naissance ,• mais celte
naissance peut être le simple résultat de la vie du
grand corps et du développement du petit qui en
est la suite , sans qu’il y ait besoin d’aucune action
particulière et occasionnelle.
Ainsi, dans son essence , la génération n’est
encore , dans ce que nous en voyons , que l’apparition
d’un pelit corps organisé , sur ou dans quelque
partie d’un autre corps organisé plus grand ,
dont il se séparera au bout d’un certain temps,
pour avoir une existence propre et isolée.
Tous les actes ou organes qu’on voit d’ailleurs
coopérer à la génération dans certaines classes, ne
sont qu’accessoires à cette fonction.
La génération ainsi réduite à sa simplicité essentielle
, est ce qu’on appelle génération gemmi-
pare ou p a r bourgeon ; c’est ainsi qu’il vient sur
les arbres, des bourgeons qui se développent en
branches , et dont on peut faire d’autres arbres par
l’opération de la bouture ; les polypes , les actinies
n’engendrent pas autrement $ quelques vers sç multiplient
en se partageant, et rentrent dans le même
Ordre. .Cette génération ne suppose ni sexes, ni
accoupleméns, ni même aucun organe particulier.
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