HL Des excrétions colorantes.
C’est sur-tout parmi les animaux sans vertebres
qu’on en observe $ on doit principalement ranger
dans ce nombre , V encre des seiches , et la pour-
pre de beaucoup de gastéropodes.
A. De Fencre des seiches.
Elle naît dans une bourse membraneuse exprès-
sèment destinée à cet usage. L ’organe secrétoire
est un velouté lin et long, adhérent à l’une desparois
de la bourse. Il en suinte une bouillie noire
très-épaisse , mais dont les molécules sont si tenues,
qu’elle se délaye presque à l’infini , et qu’une
petite parcelle peut teindre en noir un volume
d’eau énorme. C’est cette bouillie qui, tirée de sa
bourse et desséchée , ferme la couleur nommée
S épia par les peintres j lorsqu’on la prend dans
la seiche commune y elle y est d’un brun noir.
Le poulpe l’a plus noire , et Vencre de la Chine
n’est bien certainement pas autre chose que la
production de quelque espèce de poulpe de ce pays-
là» Ce seroit donc vainement qu’on chercheroit à
l ’imiter par des mélanges artificiels. L ’analyse-
chimique y a reconnu un carbone très - divisé ,
mêlé à un gluten animal.
La bourse de l’encre du poulpe est enveloppée
entre les deux lobes du foie, ce qui a causé l’erreur
de quelques modernes qui ont regardé l’encre
comme analogue à la bile*
Dans le calmar elle est au devant du foie , mais
libre et nt>n comprise dans sa substance. Dans la
seiche elle est beaucoup plus profondément et
au-devant des intestins et du coeur intermédiaire.
Dans les uns et les autres son canal excreteur a son
issue près de l’anus, et verse sa liqueur dans l’entonnoir
, réceptacle général dertoutes les excrétions.
B. De la pourpre.
Cette liqueur colorante , si célébré par l’usage
qu’en fesoient les anciens, est produite par beaucoup
de gastéropodes différens : il est possible cependant
qu’il en y ait quelque espèce qui en fournisse
de plus belle ou de plus durable. Je l’ai vue dans plusieurs
murex transsuder des bords du manteau qui
double la coquille en dedans , de manière que je
ne doute pas qu’elle n’y soit produite comme dans
Yaplysie dont je vais décrire l’organe. Swammer-
dam avoit soupçonné que le sac adhérent aux
organes de la génération, et auquel j’ai donné le
nom indéterminé de vessie , étoit le réservoir de
la pourpre. Je ne crois pas ce soupçon fondé.
Dans Yaplysie , l’opercule des branchies est
l’analogue du manteau des autres univalves, et
n’en diffère que parce que la coquille ne le remplit
pas entièrement ; tout le bord où elle ne
pénètre pas est occupé par une substance spongieuse
, dont tous les pores sont gonflés par une
bouillie pourprée. Elle est si épaisse que quand
on la fait sortir sans la délayer, elle paroît d’un
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