que le chamois & la chèvre commune , ont néanmoins
produit enfemble, ce qui démontre que ces différences
de la forme des cornes & de la longueur du poil ne
font pas des caraélères fpécifiques & effentiels , puifque
ces animaux n’ont pas laiffé de produire enfemble, &
que par conféquent ils doivent être regardés comme
étant de la même efpèce; l’on peut donc tirer de cet
exemple l’induétion très-vraifemblable, que le chamois
& notre chèvre, dont les principales différences confident
de même dans la forme des cornes & la longueur
du p oil, ne laiffent pas d’être de la même efpèce.
Nous avons au Cabinet du Roi le fquelette d’un
animal qui fut donné à la Ménagerie, fous le nom de
capricorne; il reffemble parfaitement au bouc domef-
tique par la charpente du corps & la proportion des
os, & particulièrement au bouquetin par la forme de
la mâchoire inférieure; mais il diffère de l’un & de
l’autre par les cornes : celles du bouquetin ont des
tubercules proéminens & deux arêtes longitudinales,
entre lefquelies efl une face antérieure bien marquée ;
celles du bouc n’ont qu’une arête & point de tubercules;
les cornes du capricorne n’ont qu’une arête,
point de face antérieure, & ont en même temps des
rugofités fans tubercules, mais plus fortes que celles
du bouc , elles indiquent donc une race intermédiaire
entre le bouquetin & le bouc domeflique ; de plus les
cornes, du capricorne font courtes & recourbées à la
pointe comme celles.du cbamois, & en même temps
elles font comprimées & annelées : ainfi elles tiennent
à la fois du bouc , du bouquetin & du chamois.
M. Browne * dans fon Hifloire de la Jamaïque ,
rapporte qu’on trouve actuellement dans cette île ; i .°
la chèvre commune domeflique en Europe; 2.° le
chamois ; 3.° le bouquetin ; il affure que ces trois
animaux ne font point originaires d’Amérique, qu’ils
y ont été tranfportés d’Europe , qu’ils ont, ainfi que
* Capra 1.“ cornibus carinatis arcuatis. Linn. fyjl. nat. The Namy-goat.
Capra I I ? cornibus ereélis uncinatis, pedibus longioribus.
Capra cornibus ereâis uncinatis. Linn. fyji. nat.. . . The Rupi-goat.
Thefi are not, either o f them, natives o f Jamaica ; but the latter is
often imported thither from the main and Rubee-ifand ; and the other
from many parts o f Europe. The milk o f thefe animals is very pleafant
in all thofe warm countries, fo r it lofes that rancid tafie wich it naturally
has in Europe. A Kid is generally thought as good, i f not better, than
a lamb, and frequently ferved up at the tables o f every rank o f people.
Capra I I I ? cornibus nodofis in dorfum reclinatis. Linn. Jy f. nat.. . .
The Bafard Ibex.
This Jpecies feems to be a bafard fort o f the Ibex-goat, it is the _
mof common Kind in Jamaica, and efeemed the bef by mof people. It
was f r f introduced there by the Spaniards, and feems now naturalised
in the fe parts.
Ovis 1? cornibus comprejfs lunatis. Linn. fy f. nat. The Sheep. Thefe
animals have been doubtleff bred in Jamaica ever fnee-the time o f the
Spaniards ; and thrive very well in every . quarter o f the I f and, but they
are generally very fmall. A sheep carried from a cold climate^ to any o f
thofe fu/try regions, foon alters its appearance, fo r in an year or two,
infiead o f wool it puts out a coat o f hair like a goat. The civil and natural
h'fory o f Jamaica, by Patrick. Brownë,.M. D. London, 1 y y i ,
chapitre r , feâion IV .
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