n’avons pu fàvoir a, ni par nous, ni par les autres, ft
les bouquetins & les chamois produifent avec nos
chèvres-: feulement nous le foupçonnons ; nous fournies,
à cet. égard de l’avis des Anciens , & de plus, tiotre
préemption nous paraît fondée fur des analogies que
l ’expérience a rarement démenties.
C e p e n d a n t , & v o ic i les raifons c o n t r e ; l ’ e fp è ce du
bouquetin & c e lle du ch am o is , fo n t toutes deux fub-
fiftantes dans l ’ état de na tu re, & toutes deux c o n tam inent
d iftir t& e s ; le chamois vient quelquefois de lui-
m êm e fe m ê le ra u troupeau des ch è vre s domeltiques
le bouquetin ne s ’y mêle jam a is , à moins qu’ on ne
Fait ap privoifé ; fe bouquetin & le b o u c ont une très-
longue b a rb e , & le chamois n ’ en a p o in t ; les c o rn e s
* Nota. Dans la compilation que M.” Arrnult de Nobleville & Salerne
ont faite fur l’hifloire des animaux , il eft dit (tome IV, page 2 6 4 ) ,
que fes chamois font en rut prefque tout le mois de Septembre, que
les femelles portent neuf mois , & qu’elles mettent bas pour l’ordinaire
en Juin ; fi ces faits e'toient vrais, ils indiqueraient très - clairement
que le chamois n’eft pas de la même elpèce que la chèvre, qui ne
porte qu’enViron cinq mois ; mais je les crois Tufpeéts, pour ne pas
dire faux; les chaffeurs, comme on le peut voir par les paffages que
je citerai, afïurent au contraire que le chamois & le bouquetin ne font
en rut que dans le mois de Novembre, & que les femelles mettent
bas au mois de Mai : ainfi le temps de la geftation au lieu de s’étendre
a neuf mois , doit le réduite à peu. près a cinq comme dans les
chèvres domeftiques. Au relie nous en appelons à l’expérience, &
jbous ne croyons pas qu’elle nous démente»
Rupicaprce aliquando accédant ufque ad greges caprarum cictirum quos,
non vefugiunt, quod nonfaciuntibipes. Gefiier.M ift. quad pag. 2^ 2.
DU BOUQ UE T IN i f du CId AM O IS , i f c . 1 4 1
du chamois mâle & femelle font très-petites; celles du
bouquetin mâle font fi grolfes * & ft longues, qu’on
n’imaginerait pas qu’elles piaffent appartenir à un animal
de cette taille ; & le chamois paraît différer du bouquetin
& du bouc par la. direétion de fes cornes, qui
font- un peu inclinées en avant dans leur partie inférieure
& courbées en arrière à la pointe en forme
d’hameçon; mais, comme nous l’avons déjà dit, en
parlait des boeufs & des brebis, les cornes varient
prodigieufement dans les animaux domeftiques, elles
varient beaucoup auffx dans les animaux fàuvages fuivant
les différens. climats ; la femelle dans nos chèvres n’a
pas les cornes abfolument femblables-■ à celles de fon
mâle ; les cornes du bouquetin mâle ne font pas fort
différentes de celles du bouc comme la femelle du
bouquetin fe rapproche de nos chèvres & même du
chamois par la taille & par la petiteffe des cornes ; ne
pourroit-on pas en conclure que ces trois animaux, le
bouquetin, le chamois & le bouc domeftique ne font en
effet qu’une feule & même efpèce, mais dans laquelle
* I l ex egregium■ ut à t côrpulentum animal, fpecie ferè ceryinâ minus,
tamen , cruribus quidem gracilibus & capite parw cervum eXprimit. Pul~
dm & fplendidos ocutos habet. Color pellis fufcus eft. Ungulce bifulcee i f
acutæ ut in rupicaprès, cornua magni pondérés ei reclinantur ad dorfum
afpera- i r nodofa, eoque magis quo grandïor estas procefferit ; augentur
tnim quotannis donec jam vetulis tandem nodï circiter viginti increvcrint*
Bina cornua ultimi incrément ad pondus fedecim aut oâodecim librarunr
accedunt... . Ibex faliendo mpicapram. longé fuperat ; hop tantum valet:
ut niji qui vicient vix credat, 6tumgfius apud Gefhet ,.pag; 3 o y,.
S. iij]