làûvages avec des gazelles apprivoifées, aux cornes
defquelles on attache un piège de cordes *.
Les antilopes, fur-tout les grandes, font beaucoup
plus communes en Afrique qu’aux Indes;, elles font
plus fortes & plus farouches que les autres gazelles,
defquelles il ell aifé de les dillinguer par la double
flexion de leurs cornes, & parce qu’elles n’ont point
comme les gazelles ne làvoient où fuir étant courues, criées & chafîees
de tous côtés, il y en eut une qui fut obligée de repaflêr encore près
du léopard , qui, nonobftant les chameaux & les chevaux qui embar-
ralîôient tout le chemin, & contre tout ce qu’on dit ordinairement,
que cet animal 11e ret'ourne jamais fur là proie quand une fois il l’a
manquée, s’élança delïus & l’attrapa. Relation de Thevenot, tome I I I ,
page 1 1 2 ,
* Quand on ne veut point fe fêrvir d’un léopard apprivoifé pour
prendre les gazelles, on mène un mâle de gazelle privée, auquel on
met aux cornes une corde qui a divers tours & replis, & dont on
attache les deux bouts fous le ventre ; lorfqu’on a trouvé une compagnie
de gazelles, on laifîê aller ce mâle, il va pour les joindre, le
mâle de la troupe s’avance pour l’en empêcher, & comme l’oppofition
qu’il lui fait n’elt qu’en jouant avec fes cornes, il ne manque pas
de les empêtrer & de s’embarraffer avec fon rival, en forte que le
chafïêur s’en làifit adroitement & l’emmène , mais il ell: plus aifé de
prendre les femelles. Idem. ibid. — On le fert de la gazelle privée
pour prendre les làûvages, de cette manière : on lui attache des lacs
aux deux cornes, puis on la mène aux champs, aux endroits où il
y en a de làûvages, & on la lailîè jouer & fauter avec les autres,
lefquélles venant à s’entrelacer leurs cornes les unes dans les autres,
elles s'attachent enfemble par les lacs & petites cordes qu’on a liées
aux cornes de la domellique , & la làuvage fe fentant prifè s’efforce
defe délier & tombe à terre avec la privée, & eft prife par les Indiens
de cette façon. Voyage delà Boullaye le Gou1 , page 2 4 7 .
de bande n o ire o u b ru n e au bas d es flan cs ; les antilopes
m o yen n es fo n t d e la gran d eur & d e la co u leu r du d a im ,
elles o n t les c o rn e s fo rt n o ires a , le v en tre tr è s -b la n c ,
les jam b es d e d evan t plus co u rte s que c elles d e d errière:
on les tro u v e en g ran d n om b re dans les co n trée s d u
T r e m e c e n , du D u g u e la , d u T ell Si du Z a a ra ; elles
font p ro p res & n e fe c o u c h e n t q u e dans d es en d roits
fecs & nets , elles fo n t au (fi trè s-lég è re s à la c o u r fe ,
très-attentives au d a n g e r , trè s-v ig ila n tes; en fo rte que
dans les lieu x d é co u v e rts elles regard en t lo n g -tem p s
de tou s c ô té s , S i d ès q u ’elles a p e rço iv e n t u n h o m m e ,
un ch ien o u q u elq u ’autre e n n em i, elles fuient d e tou tes
leurs fo r c e s ; cep en d an t elles o n t , a v e c cette timid ité
naturelle, u n e e fp è c e d e c o u r a g e , car lo rfq u ’ elles fo n t
furprifes elles s’arrêten t to u t co u rt S i fo n t fa ce à ce u x
qui les attaquent.
E n g é n é ra l, les g azelles o n t les y e u x n o ir s , g ra n d s ,
très-vifs S i en m êm e tem p s fi ten d res qu e les O rien tau x
en o n t fait un p ro v e rb e h, en com p a ran t les b eau x y e u x
d ’une fem m e à c e u x d e la g a z e lle ; elles o n t p ou r' la
plufpart les jam b es plus fines Si plus d éliées q u e le
ch e v re u il; le p o il auffi c o u r t, plus d o u x & plus lu ftré;
leurs jam b es d e d evan t fo n t m o in s lo n g u es que c elles
‘ Voyez l’Afrique de Marmol, tome 11’, page y y ; & le voyage de
Shaw, tome 1 1 ’, pages 3 1 y & 316-
>' On trouve vers Alexandrie des gazelles en affèz grand nombre ,
c’eft une efpèce de chevreuil, dont l'oeil grand, v i f & perçant, a palïé
en proverbe pour louer les yeux des Dames. Defcription de l’Égypte -,
p a r Maillet. La Haye, 1 7 4 0 , tome I I , page 1 2 y .
F f ij