278 D E S C R I P T I O N
d e s c r i p t i o n
D E S B É Z O A R D S 0 R I E N T A U X
e t Oc c i d e n t a u x .
O N donne le nom de Bénard à plufieurs matières de nature
très - différente ; pour reconnoître l’abus que i’on a fait de cette
dénomination , il faut remonter à fôn étymologie : foit quelle
vienne du mot TVywjj ou Pmar, qui efl le nom du Bouc en langue
Perfanne, ou du mot Beluiaar, qui fignifïe un contre-poifon en
Hébreu ou en Chaldéen ; ç’efl une preuve que le nom de bénard
n’a d’abord été donné qu a des concrétions qui le trouvent dans
le corps de quelques animaux del’Afie; on ne fait pas précifément
quels font ces animaux, mais il y a lieu de préfumer fur les relations
des Voyageurs, qu’ils refîèmblent aux boucs St aux gazelles ;
au moins il efl certain qu’ils font du nombre des animaux à pied
fourchu qui ont des cornes; le bézoard qu’ils donnent efl au
dehors St au dedans de couleur d’olive-brune-foncée pour l’ordinaire
& même noirâtre, là furfaêe efl luifânte & polie.
Après la découverte de l’Amérique, on a aufft donné le nom
de béioard à des concrétions qui le font trouvées dans des animaux
de cette partie du monde, & qui ont une couleur blanchâtre
dans leur intérieur; leur forface externe n’efl pas aufîï
luilànte ni auffi polie que celle des bézoards orientaux ; elle a une
couleur blanchâtre mêlée de jaune ou de noir, le plus fouvent
avec des teintes briiiaptes qui lëmblent être dorées ou bronzées ;
pour diflinguer ces concrétions de celles de l’Afie, on les a
nommées béipards occidentaux , St alors le bézoard proprement
dit St anciennement connu , a été appelé lézard oriental.
dès B ÉZ O A R D S Orientaux i f Occidentaux. zy<)
Tous les bézoards font compofés de couches concentriques,
& plufieurs ont au centre un corps étranger, qui efl le noyau
for lequel porte leur première couche; on a trouvé dans les
bézoards orientaux, des marcaffites, du talc, des cailloux, du
gravier, des pailles, des brins d’herbes, du bois, des femences
de plantes refîèmbiantes à celles des • faféoles, des cerifes, des
mirabolans, de la caffe, des tamarins, de l’acacia d’Egypte, Stc *;
ces différentes fubüances,, St principalement les fomences de
plantes qui font au centre des bézoards orientaux, donnent lieu
de croire qu’ils, fe forment dans i’eflomac ou dans les intefiins
des animaux : car s’ils fe trouvoient dans la véficule du fiel, dans,
les reins, dans la veffie ou dans les autres cavités du corps, ils
n’auroient pas fi fréquemment pour noyau des fubflances qui,
rie peuvent y pénétrer que par des accidens & des halârds fort
extraordinaires.; au contraire ces fubflances entrent aifément avec
iesalimens dans i’eflomac St dans les intefiins; j’ai trouvé dans
la panfe des boeufs que j’ai difîequés, grand nombre de graviers
qui auraient pu faire le noyau de plufieurs bézoards.
Bontius dit que les bézoards orientaux font dans le ventre
des animaux qui les produifent; il y a de ces animaux dans différentes
provinces de la Perfe. Koempfer s’étant informé de ce
que l’on penfoit dans ces pays au fujet de la partie des animaux
dans laquelle le bézoard fe forme, rapporte que c’efl le pylore
ou le fond du. quatrième eflomac ; que fi le bézoard ne s’y
engendre pas , au moins, il y féjourne St y prend de l’ac-
craiffement, St que s’il n’efl pas bien engagé dans les plis de
l’eflomac, il paffe par le pylore, il foit le conduit inteflinal, &
il'fort avec les excrémens; mais ces faits ne font pas prouvés,
♦ Voyez les Mémoires dé l’Académie, royale.des Sciences, année 1710^
pagt S É i & 17 .1 * > .page 2.02.