L E S A Ï G A .
O n trouve en Hongrie, en Pologne , en Tartarie
& dans la Sibérie méridionale, une elpèce de Chèvre
fàuvage, que les Ruiïes ont appelée Seigak ou Saïga,
laquelle par la figure du corps & par le poil reffembie
à la chèvre domeftique ; mais par la forme des cornes
& le défaut de barbe fe rapproche beaucoup des
Gazelles, & paroît faire la nuance entre ces deux
genres d’animaux : car les cornes du Saiga ( pl. X X I I ,
fig .2 ) font tout-à-fait femblables à celles de la gazelle,
elles ont la même forme , les anneaux tranfverfiux i
les ftries longitudinales, &c. & n’en diffèrent que par
la couleur ; les cornes de toutes les gazelles font noires
& opaques, celles du fàiga font au contraire blanchâtres
& tranfparentes. Cet animal a été indiqué par Gefner,
• fous le nom de Colus * ; & par M. Gmelin , fous celui
* Apud Scytas & Sarm atas quadrupes fe ra ejl quam Colon ( Koao?)
appellant', mngnitudine inter Cervum Ù" Arietem, albicante corpore; eximite
fu p ra hos levitatis a d curfum. Strabo, lit». V I I.... Sulac ( a quo litteris
tranfpofilis nomen Colus faû um videtur) apud Mofchobios vulgo nomi-
aatu r animal fimile ovi fy lv efri canditloe, fine lanâ ; capitur a d pulfum
tympanorum dum faltando d elajfatur.. . . Apud Tartaros ( inquit M atthias
a M ichow ) reperitur Snafc anim al, magnitudine ovis, duabus parvis
comibus p rad itum , curfu velociflimum, carnes ejus fuavijfimce.. . . In de-
fe rtis campis circa Boryjlhenem ( inquit Sigifmundus, L iber Baro in
Uerbeijlain in commentants rerum Mofcoyiticarum ) Tanairn & R ha ejl
de Saïga * ; les cornes que nous avons au Cabinet
evis fyhejlris quam Poloni So lha c , Mofci Se ig ak appellant, magnitudine
capreoli, brevioribus tarnen pedibus ; comibus in altum porreâis, quibufdam
circulis notatis, ex quibus Mofci manubria cultellorum tranfparentia faciunt,
velociffimi curfus & altißmomm faltuum. G e fn e r , hiß. quad. p a g . 3 6 1
& 7,62., ubi vide figuras.
* On trouve aux environs de Sempalat, quandté de Saigi ou de Saiaa,.
c'eft un animai q u i reffemble b e au cou p au ch e v reu il, fmon qu eVes
cornes au lieu d ’être crochue s fo n t droites ; o n ne con n o ît cet animal
dans toute la S ib é rie qu e dans ces e n v iro n s , car ce lui q u ’on appelle
faiga dans la p ro v in c e d ’Irkutzk e il le mufc. C e tte efpè è e de ch èvre
fe mange b eaucou p dans ces e n v i r o n s .. . .. O n nous dit q u e le goû t.
de la chair étoit femhiable à celui du ce rf. Voyage de'Gmelîn, h■
Kamtfchatka, tome I , page 1 y p . Trad u c tion fur h v e rfion R u f lè ,
Communiquée par M . de l’Ifle. Nota. M , Gm e lin a d on n é depuis ; ,
une delcription plus etendue du Sa ig a dans le V . e volume dés nouv eaux
Mémoires d e l ’A c ad ém ie de S . ‘ P é t e r lb o u r g , fous le nom de Ibex
imberbis, mais il n ’en d onne pas la figu re ; cependant nous c ro y o n s ,
devoir préfenter ic i par extrait la traduction de cette defcription p o u r
ne rien omettre d e ce que l ’on fait au fuje t de cet animal. I l a. la
tête du bélier, a v e c le nez plus élevé & plus p ro ém in en t, le co rp s
du c e r f , mais beaucou p plus petit , car il n ’atteint jamais la grandeur
du chevreuil ; les oreilles droites affez larges & terminées en p o in te ;
les contes'jaunâtres & tranfparentes, longu e s d ’un p ied , annelées à
labafe & fituées au-de flus des y e u x ; quatre d e n t s ■ in c ifiv e s, quatre
canines & c in q molaires dont chacune a deux racines, dans la mâchoire
inférieure ; autant de dents incifive s & canines ,. av e c quatre
molaires feulement d o n q chacune a trois ra c in e s , dans la mâchoire,
fupérieure ; le co u un peu lo n g ; les jambes de derrière plus longu e s .
que celles, de devant ;. fe. pied fou rch u ; quatre papilles aux mamelles,
deux de chaque cô té; la queue m en u e , „longu e de trois p o u c e s ; fe
poil comme celui du c e r f , d ’un brun-jaunâtre aux parties du dehors-,
d u . c o r p s , b l a n c fous, fe ventre & aux parties du.dedans. L a femelle