L E C A B I A I *.
( Z > ET animal d’Amérique n’avoit jamais para en
Europe, & c’eft aux bontés de M. le duc de Bouillon
que nous en devons la connoiffance; comme ce Prince
eft curieux d’animaux étrangers, il m’a quelquefois fait
l’honneur de m’appeler pour les voir, & par amour
pour le bien, il nous en a donné plufieurs ; celui-ci
lui avoitété envoyé jeune, & n’étoit pas encore tout-
à—fait adulte iorfque le froid l’a fait mofirir, nous avons
donc été à portée de le connoître & de le décrire,
tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ce n’eft point un
* Cabiai, mot dérivé de Cabionara, nom de cet animal à la Guiane,
& que nous avons adopté..
Capybara Braßienßbus. Marcgrave. Hiß. nat. Braß. pag. 2 3 0 ,
ßg, ibidem-
Capybara. Pifon. Hiß. Braßl. pag. p 3 . Nota. L a figure-eft la même
que celle de Marcgrave.
Capybara Braßlienßus porcusfluyiatilis flfarcgravii. Ray. Syn. quad,
pag. 1 2 6 ù “ 1 2p.
Cochon d’eau. Voyage de Desmarchais, parle P . LabpX, tome H Iß
page 3 1 y & Suivantes.
Capivard. Voyage de Froger. Amftçrdajn, 1 7 1 5 , page i a y 4
ßg, ibid.
Sus maximus palußris. Porcusfluviatilis Braßlienßs Jonfton. Capybara
Brafilienfibus Marcgrave. Le Cabiai que l’on nom nie auffi Cabionara,
Jîarrère. Hiß. nat. de la F r. Equin, pages 16 0 & 1 6 1.
Hydrocheerus. Le Cabiai. Brillon. Regn. anim. page 1 r y .
c o c h o n ;
cochon, comme l’ont prétendu les Naturaliftes & les
Voyageurs, il ne lui reffemble même que par de petits
rapports, & en diffère par de grands caraétères; il ne
devient jamais aufh grand, le plus gros Cabiai eft à peine
égal à un cochon de dix-huit mois ; il a la tête plus
courte, la gueule beaucoup moins fendue, les dents &
les pieds tout différens ; des membranes entre les doigts,
point de queue ni de défenfes; les yeux plus grands,
les oreillçs plus courtes ; & il en diffère encore, autant
par le naturel & les moeurs, que par la conformation:
il habite fouvent dans l’eau, où il nage comme une
loutre, y cherche de même là proie & vient manger
au bord le poiffon qu’il prend & qu’il fàifit avec la gueule
& les ongles; il mange auffx des grains, des fruits &
des cannes de fucre; comme fes. pieds font longs &
plats, il fe tient fouvent afhs fur ceux de derrière. Son
cri eft plutôt un braiement comme celui de l’âne, qu’un
•grognement comme celui du cochon ; il ne marche
ordinairement que la nuit, & prefque toujours de
compagnie, fans s’éloigner du bord des eaux ; car comme
il court mal à caufe de fes longs pieds & de fes jambes
courtes, il ne pourrait trouver fon fàlut dans la fuite;
& pour échapper à ceux qui le chaffent, il fe jette à
l ’eau, y plonge & va fortir au loin, ou bien il y demeure
fi long-temps, qu’on perd l’efpérance de le revoir.
Sa chair eft grafTe & tendre ; mais elle a plutôt, comme
celle de la loutre, le goût d’un mauvais poiffon que
celui d’une bonne viande; cependant on a remarqué
Tome X II. C c c