prefque les feuls endroits ov'i l’on trouve le bouquetin
& le chamois ; quoique tous deux craignent la chaleur
& n’habitent que la région des neiges & des glaces:
ils craignent aulfi la rigueur du froid exceffif; l’été ils
demeurent au nord de leurs montagnes ; l’hiver ils
cherchent la face du midi, & defcendent des foin mets
jufque dans les vallons : ni l’un ni l’autre ne peuvent
fe foutenir fur les glaces unies, mais pour peu que la
neige y forme des afpérités, ils y marchent d’un pas
ferme, & traVerfent en bondilfant toutes les inégalités
de l’elpace. La chalfe de ces animaux *, fur-tout celle
* Châtie du bouc fâuvâge ; il y a deux fortes de boucs, les uns
s’appellent boucs fauvages, ■ & lés autres yfarus, autrement dit farris ;
les boucs fauvages font auffi grands qu’un cerf : mais ne foht fi longs,
ne fi enjambés par haut, ores qu’ils aient autant de chair ; ils ont
autant d’ans que de grofïès raies qu’ils ont au travers de leurs cornes....
Us ne portent que leurs perches, lefquelles font groflès comme la
jambe d’un homme, lèlon qu’ils font vieils. Ils ne jettent point ni ne
ntuent leurs têtes : & tant plus ils ont de raies en leurs cors, & plus
leurs cors font longs & plus gros, tant plus vieils font les boucs. Us
ont grande barbe & font bruns, de poil de loup & bien velus, &
ont une raie noire for l’efchine & tout au long des felïès, & ont le
ventre fauve, les jambes noires & derrière fauve ; leurs pieds font
comme des autres boucs privés ou chèvres ; lèurs traces font grofles
& grandes, & rondes plus que d’un cerf; leurs os font à l’advenant
d’un bouc privé & d’une chièvre, fors qu’ils font plus gros, ils naiffent
en Mai ; la biche fâuvage fàonne, ainfi qu’une biche chièvre ou daine,
ruais elle n’a qu’un bouc à la fois, & l’allaite ainfi que fait une chièvre
privée.
Les boucs vivent d’herbes, dè foings comme lesautres bêtes douces....
Leurs fumées retirent ( quand elles font formées ) for la forme des fumées
du bouquetin eft très-pénible ; les chiens y font prefque
inutiles; elle eft auffi quelquefois dangereufe, carlorfque
l’animal fe trouvepreffé, il frappe le chaffeur d’un violent
coup de tête & le renverfe fouvent dans le précipice
d ’un b ouc o u d ’une chièvre priv é e ; les b ou c s von t au rut environ la
T ou lfaints, .& demeurent u n mois en leurs chaleurs : & puifque leur
rUi eft p a ffé , ils fe mettent en ardre , & par enfemble de fcendent les
hautes jnontaign.es & rochers où ils auront demeuré tout l ’é t é , tant
pour la neige qu e p o u r ce q u ’ils ne trouvent de q u o i viander là fus
n on pas en un pays p la in , mais v o n t vers les pieds des monraignes
quérir leur vie : & ainfi demeurent jufq ue s vers P a fq u e s, & lors ils
remontent .ès plus hautes montaignes q u ’ils tro u v en t, & chacun prend
fon b u ilfo n , ainfi que fo n t les cerfs. L e s chièvres alors fê départent:
des b o u c s , & vo n t demeure r près des ruifîè aux p o u r Etonner & y
demeurer tou t le lo n g de l’été ; lo r fq u e les b ou c s font hors d 'a v e c
les ch ièvres, attendant qu e le temps de leur rut foit v en u , ils courent
lus aux gens & b e l le s ., & fe combattent entr’e u x , ainfi qu e les cerfs
mais non de te lle .manière : c a r ils chantent p lu s laidement. L e b o u c
hleffe d ’un cou p q u ’il d o n n e , non pas du bout d e la tête mais du
m ilieu, tellement q u ’il rompt les bras .& les çu iflè s de ceu x q u ’il atteint
& encores q u ’il ne fa ffe point de p la ie , fi eft ce que s ’il acule un homme
contre un arbre o u contre te r re , il le tuera. L e b o u c eft de telle nature
que f i un h om m e , quelque puifïànt & fo rt q u ’il fo it , le frappe d ’une
barre de fe r fur l’efchine , p o u r cela il ne baiffera ne p lo ye ra l ’efchine.
Quand il eft en r u t , il a le c o l g ro s à m e rv e ille s , vo ire eft de telle
nature, que encores q u ’il tombât de d ix toifos de h au t , il ne fofe rait
aucun mal..........
D u b o u c , dit Y fa ru s ou S a r r is ; le b o u c , dit Y ft tru s , eft dépare illé
forme qu e le p ré c éd en t, & n’eft guères p lus grand q u ’un b o u c p r iv é ,
il eft de pareille nature qu e le b o u c làu v ag e ...........L e s deux fortes de
boucs ont leur g re fle & fa ilo n , & leur rut comme le c e r f , & ce environ
la T ou fla in ts , & lors on les d o it chaffer ju fq u ’à leur ru t ; & p o u r ce
qu’ils ne trouvent rien en hiver, ils m angent des pins & fapins ès b o is ,