cependant n’ont été faites que fur des peaux bourrées.
Il efl aifé de reconnoître, qu’en général, les defcrip-
tions 6c les figures de l’ouvrage de Kolbe, n’ont été
faites, ni fur le lieu ni d’après nature; les defcriptions
font écrites de mémoire, & les figures ont pour la
piufpart été copiées ou prifes d’après celles des autres
Naturalifles ; 6c en particulier la figure qu’il donne de
l’hippopotame refTemble beaucoup au cheropotame de
Profper Alpin V
plus d’un pouce d’e'paifleur, & outre cela elle eft fi dure qu’il effc
très-difficile de le tuer, même d’un coup de balle. Les Européens
du C ap , vifont toujours à la tête : comme la peau y eft tendre &
qu’elle y touche l’eau, on peut aifément la percer; rarement ils
donnent à cet animal le coup de mort dans un autre endroit.
II n’y a rien dans le cheval marin, qui foit plus remarquable que
fes dents de la mâchoire d’en bas, .il y en a quatre' grofîès, deux de
chaque côté, dont l ’une eft crochue & l’autre droite : elles font
épaiflès comme une corne de boeuf, longues d’environ un pied &
demi, & pèlent une douzaine de livres chacune ; leur blancheur qui
eft très-éclatante, a ceci de particulier qu’elle Ce conlèrve fans qu’il
y arrive jamais d’altération, qualité que n’a pas l’ivoire, qui jaunit
en vieilliflànt : auffi font-elles plus eftimées que les dents d’éléphant.
L a chair de cet animal eft un manger très-délicieux, foit rôtie, foit
bouillie, & elle eft fi eftitnée au Cap-, qu'elle s’y vend douze &
quinze fous la livre ; c’eft le préfont le plus agréable que l ’on puifle
foire , la graille le vend autant que la viande, elle eft- fort douce &
très - faine, on s’en fort au lieu de beurre, &c. Defcription du cap.
de Bonne - efpérance, par Kolbe, tome I I I , chap. J i l .
* Nota. Les figures de ces cheropotames de Prolper Alpin, lib. IV
cap. X 1 1 , tab. 2 2 , parodient avoir été faites d’après des peaux
bourrées .d’hippopotames , auxquels peut - être on avoit arraché les
dents.
Kolbe,
DE L ’ H I P PO P OTAM E, <?fc. 49
Kolbe, en afïiirant donc que l’hippopotame féjourne
dans les eaux de la mer, pourroit bien ne l’avoir dit
que d’après Pline, 6c' non pas, d’après fes propres
obfervations ; la piufpart des autres Auteurs rapportent
que cet animal fe trouve feulement dans les lacs d’eau
douce 6c dans les fleuves, quelquefois à leur embouchure
6c plus fouvent à de très - grandes diflances de
la mer ; il y a même des Voyageurs qui s’étonnent,
comme Merolla * , qu’on ait appelé l’hippopotame
cheval marin, parce que, dit-il, cet animal ne peut foufffir
l ’eau falée. II fe tient ordinairement dans l’eau pendant
le jour 6c en fort la nuit pour paître ; le mâle 6c la
femelle fe quittent rarement. Zerenghi prit le mâle
6c la femelle le même jour, 6c dans la même foffe ;
les Voyageurs Hollandois difent qu’elle porte trois
ou quatre petits, mais ce fait me paroît très-fufpeél
6c démenti par les témoignages que cite Zerenghi ;
d’ailleurs, comme l’hippopotame efl; d’une groffeur
énorme, il efl dans le cas de l’éléphant, du rhinocéros,
de la baleine 6c de tous les autres grands animaux, qui
ne produifent qu’un petit, 6c cetté analogie me paroît
plus fûre que tous les témoignages.
* Hiftoire générale des.Voyages, tome V , page p j . Note
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Tarne X II, G