382 H i s t o i r e N a t u r e l l e
de préférence aux fânglîers & en viennent facilement
à bout, ils s’accrochent a à des brandies avec les défenfes
d’en haut, pour repofer leur tête ou pour dormir
debout. Cette habitude leur efl communeavec l'éléphant,
qui pour dormir fans fe coucher, fondent là tête en
mettant le bout de fes défenfes dans des trous qu’il
creufe à cet effet dans le mur de fa loge b.
Le babiroufïà diffère encore du fanglier par fes
appétits naturels.; il fe nourrit d’herbes & de feuilles
d’arbres, & ne cherche point à entrer dans les jardins
pour manger des légumes, au lieu que dans le même
pays, le fanglier vit de fruits fàuvages, de racines, &
dévafle Couvent les jardins. D ’ailleurs ces animaux qui
vont également en troupe ne fe mêlent jamais, les
fangliers vont d’un côte, & les babiroufîgs de l’autre;
ceux-ci marchent plus légèrement, ils ont l’odorat très-
fin , fe dreffent fouvent contre des arbres pour
éventer de loin les chiens & Jes chaffeurs; lorfqu’ils
fon t pourfuivis long-temps & fans relâche, ils courent fe
jeter à la mer, où nageant avec autant de facilité que
des canards & fe plongeant de même, ils échappent
très-fouvent aux chaffeurs, car ils nagent très long temps
& vont quelquefois à d’affez grandes diflances & d’une
île à une autre.
Au relie, le babiroufTafe trouve non-feulement à l ’île
de Bouro ou Boero, près d’Amboine, mais encore
’ Delcript. des Indes orient, par Franç. Valentin, vol. I I I , p. 2 6 8f
» y o yez ce fait dans l’hifloire de l’éléphant, tome X I de çet ouvrage,
d u B a b i r o u s s a. 383
dans plufieurs autres endroits 1 de l’Afic méridionale
& de l’Afrique, comme aux Celebes, à Eflriia b, au'
Sénégal c, à Madagafcar: car il paraît que les fangliers
de cette île dont parle Flaccourtd, & dont il dit que
les mâles principalement ont deux cornes à côté du nez font
des babirouffas. Nous n’avons pas été à portée de nous
affurer que la femelle manque en effet de ces deux défenfes
fi remarquables dans le mâle, la plupart des Auteurs
qui ont parlé de ces animaux, femblent s’accorder fur
ce fait que nous ne pouvons ni confirmer ni détruire.
* On trouve les Babiroufîâs en grande quantité' dans l’îlé de Boero,
ainfi qu’à Cajely, dans les îles de Xoelafche, fur-tout à Xoela M angoli,
comme autTi dans l’île de Bnngay, fur la côte d’oueft des Celebes,
& encore plus à Manado. Defcription des Indes orientales par François
Yalentm, tome I I I , page p 6 p . Traduction communiquée par M. le
marquis de Montmirail. Nota. La plupart des faits que nous avons
rapportés ci-deffus au fujet des habitudes naturelles du babirouflâ font
tirés de ce même ouvrage de Valentin.'
, 1 Entre plufieurs marchandifçs que les Hollandois- tirent de la côte
d’Ëftrila, ils en rapportent des dents de fangliers qui les ont plus belles
que tes éléphans. Voyage de Robert Lade, traduit de l ’Anglois. Paris .-
j 7 4 4 , tome 1 , page 1 2 1 .
. ‘ J ’aperçus enfin un de ces énormes fangliers particuliers à l’Afrique.
Il étoit noir comme les fingliers d’Europe, mais d’une taille infiniment
plus haute. Il avoit quatre grandes défenfes, dont les deux fupérieures"
cioient recourbées- en 'd’elni-cercié vers- le front où elles imitoient les->
cornes que portent d’autres animaux. Voyage au Sénégal,par M . Adanfon
page y 6 .
f Voyage à Madagafcar par Flaccourt, page 1 y.z,