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de celle du hériffon, du caftor, du lièvre ou de tout
autre animal auquel on voudrait le comparer.
Il ne faut pas non plus ajouter foi. à ce que difent
prefqu’unanimement les Voyageurs & les Naturaliftes qui
donnent à.eet animal a la faculté de lancer fes piquans à
line affez grande diflance & avec affez de force pour per--
cer& bleffer profondément, ni s.’imaginer avec eux que
ces piquans toutféparés qu’ils font du corps de. l’animal'
ont la propriété trèsrextraordinaire & toute particulière
de pénétrer d’eux-mêmes & par leurs propres, forces plus
avant dans: les chairs, dès que la pointe y eft une fois,
entrée : ce dernier fait eft purement imaginaire & deftitué
de tout fondement, de toute raifon, le premier eft auffi
faux que le fécond ; mais au moins l’ erreur paraît fondée
fur ce que l’animal lorfqu’il eft irrité ou feulement agité ,
redreffe fes piquans , les remue ; & que comme il y a
de ces piquans qui ne tiennent à la peau que. par un
efpèce de filet ou de pédicule délié, ils tombent aifément.
Nous avons vu des porc - épis vivant, & jamais nous ne
les avons vu, quoique violemment excités,.darder, leurs,
piquans : on ne peut donc: trop s’étonner que les auteurs,
les plus graves, tant anciens.“ que modernes-b,.que les
•- Arifl. H ifii anims lib. I X , ceqp. X -X X-1X* —- PJin.- Hift. net,-,
lib. V I I I , cap. Z I I J . —. Oppian. de, venatipne.
bM." les Anatomiftes de l’Académie, des Sciences. Ceux, des piquans,.
di fen t-ils, tpà. étaient les plus .forts & les plus courts étoient aifés à arm
cher de la peau, n’y étant pas attachés fermement comme les autres, auffi
font-ce ceux que ces animaux (Jes Porc-épies) ont accoutumé de.
limctr. contre les chajfeurs, en. fecouemt.: leur peau., comme font. les.
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voyageurs les plus fenfés a foient tous d’accord fur un
fàitauffi faux : quelques-uns d’entre eux difent avoir eux-
mêmes été bleffés de cette efpèce de jaculation , d’autres
affinent qu’elle fe fait avec tant de raideur, que le
dard ou piquant peut percer une planche b à quelques
pas de diftance. Le merveilleux, qui n’eft que le faux
qui faitplaifir à croire,augmente & croîtàmefure qu’il
paffe par un plus grand nombre de têtes ; la vérité perd
au contraire en faifant la même route ; & malgré la négation
pofitive que je viens de graver au bas de ces deux
faits, je fuis perfuadé qu’on écrira encore mille fois après •
moi, comme on l’a fait mille fois auparavant, que le
porc-épic darde fes piquans, & que ces piquans féparés.
chiens lorfqu’ils fortent de l ’eau. C lau d ien dit élégamment qu e le.
p o r c - ép ic eft lui-m ême l’a r c , le carquois & la flèche dont il le fèrt
contre les chafteurs. Alémâfrespour fervir à l ’hifloire des animaux, tome I I I , .
page 1 1 4 . N o t a . L a fable eft le domaine des Poètes-, & il n ’y a
p o in t de reproches à faire à Claudien : mais les- Anatomiftes d e
l ’Académie ont eu tort d ’adopter cette fab le , apparemment p o u r citer
C lau d ien ; car on vo it par leur p ro pre e x p o fé , que le p o r c - é p ic ne-
lance point fês piq u an s , & que feulement ils tombent lo rfque l ’animal
fè fè c o u e .— Wormius. A îuf. Wormian. pag. 2 3 5. — Wotlon, p a g . 5 6 ____
Aldrov-. de quad. Digit. pa g . 4 7 3 , & plufieurs autres. Auteurs célèbres S
ont adopté cette erreur;
d Tavernier, tome I I ; pages 2 o-'àf 2 1 . — Kolbe, tome I I I , page 4 6 ..
— Barboi. H fo ire , générale des voyages, tome IV ,'page 2 g y .
b L o r lq u e le p o rc -ép ic eft en furie-, il s’élan ce -av e c une-extrême
vîteffe , ayant fês piquans drefles , qui (ont quelquefois dé la longueur
d e d eux emp ans, fur les hommes & fur les b ê te s , & il les darde a v e c ,
tant d e .fo r c e , q u ’ils pourroient percer une planche; Voyage enG uinèçi
pjor Bofinan. Utrecht, t y o .y , page 2 4 y .
L e e IL