incroyable , & en effet le renne 1 rumine comme le cerf
& comme tous les autres animaux, qui ont plufieurs
eftomacs; la durée de la vie dans le renne domeftique,
n’ eft que de quinze ou feize ans'1 ; mais il eft à préfumer
que dans le renne fauvage elle eft plus longue, cet animal
étant quatre ans à croître, doit vivre vingt-huit ou
trente ans , lorfqu’il eft dans fon état de nature. Les
Lappons chaffént les rennes fauvages de différentes
façons fuivant les différentes fàifons ; ils fe fervent des
femelles domeftiques pour attirer les mâles fauvages
dans le temps du rutc ; ils les tuent à coups de moufquet,
’ Rangifer ruminât ce que ac aliee fpecies fu i generis. Linn. Faun.
fuecica, pag. 14,.
k Æ tas ad tredecim vel ultra quindecim annos non excedit in domeficis.
Hulden. — Æ tas fexdecim annorum. ÏÀnn.fyJl. nat. edit. X , pag. 67.
— Les rennes qui évitent tous les maux, & qui furniontent toutes les
maladies & les incommodités , vivent rarement plus de treize ans.
Scheffer, page 2 et).
‘ Les Lappons chaflènt les rennes avec des filets, des hallebardes,
des flèches & des moufquets; cela fe fait en automne Ou au printemps :
en automne environ la Saint-Matthieu, lorlque les rennes font en rut •
les Lappons fe tranfportent aux endroits des forêts où ils lavent qu’il
y a des rennes mâles fauvages, ils y mettent des rennes femelles do-
meltiques, & ils les attachent à des arbres : cette femelle appelle de
mâle, & lorlqu’il eft fur le point de Ja couvrir, le chafleur le tue
d un coup de moulquet ou de flèche.... Au printemps lorlque les
neiges commencent à fe ramollir, & que ces animaux s’y enfoncent
& s’y embarralîènt, les Lappons chauffés de leurs raquettes les pour-
fuivent & les atteignent— On les poulîè en d'autres rencontres avec
des chiens qui les font donner dans les filets ; on fe fert enfin d’une
forte de rets, qui fopt des perches entrelaffées les unes, dans les autres
d e l ’ É l a n & du R e n n e . 109
ou les tirent avec Tare & décochent leurs flèches avec
tant de roideur, que malgré la prodigieufe épaifleur
du poil & la fermeté du cuir,, il n’en faut fouvent
qu’une pour tuer la bête.
Nous avons recueilli les faits de l’hiftoire du renne
avec d’autant plus de foin , & nous les avons préfentés'
avec d’autant plus de circonfpeétion que nous ne
pouvions pas par nous-mêmes nous affurer de tous,
& qu’il n’eft pas poffiblê d’avoir ici cet animal vivant:
ayant témoigné mes regrets à cèt égard à quelques-uns
de mes amis, M. Collinfon, Membre de la Société
Royale de Londres , homme auffi recommandable par.
fes vertus que par fon mérite littéraire, & avec lequel
je fuis lié d?amitié depuis plus-de vingt ans, a eu la
bonté de m’envoyer un deffein ( p l.x n J du fquelette
du renne,. St j ’ai reçu de Canada un foetus de caribou ; ;
au moyen de ces deux pièces St de plufieurs bois de
rennes qui nous font venus de différens endroits ,.
nous avons été en état de vérifier les reflemblances
générales & les différences-principales du renne avec,
le cerf, comme on le verra dans la defeription des
foetus , du fquelette & des bois de cet animal.
A l’égard de l’élan, j ’en ai vu un vivant, il y a environ.
en forme de deux grandes haies champêtres, qui font une allée fort-
longue & par fois de deux lieues, afin que les rennes étant une fois’
■ pouflees & engagées dedans foient. enfin contraintes en fuyant dé.
tomber dans une grande fofle faite exprès au bout de l’ouvrage. Schejfer,.
page 20p.
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