» n’ofions pas ( dit un autre Voyageur “ ) irriter les hip-
» popotames dans l’eau, depuis une aventure qui penfa
» ctre funefte à trois hommes, ils étoient allés avec un
» petit canot pour en tuer un dans une rivière où il y
» avoit huit ou dix pieds d’eau ; après l’avoir découvert
»au fond où il marchoit félon fa coutume, ils le bief-
» ferent avec une longue lance, ce qui le mit en une
» telle furie, qu’il remonta d’abord fur l’eau, les regarda
» d’un air terrible, ouvrit la gueule, emporta d’un coup
» de dent une grofle pièce du rebord du canot, & peu
» s’en fallut même qu’il ne le renverfât : mais il replongea
prefqu’auffi - tôt au fond de l’eau ». Ces deux exemples
fuffifent pour donner une idée de la force de ces
animaux ; on trouvera quantité de pareils faits dans
l’Hiftoiregénérale des voyages, où M. l’abbé Prévoit
a préfenté avec avantage & avec cette netteté de ltile
qui lui elt ordinaire, un précis1* de tout ce que les
Voyageurs ont rapporté de l ’hippopotame.
Au refte, cet animal n’elt en grand nombre que
dans quelques endroits, & il paroît même que l’efpèce
en elt confinée, à des climats particuliers, & qu’elle ne
fe trouve guère que dans les fleuves de l’Afrique. La
plupart des Naturaliltes ont écrit que l’hippopotame
fe trouvoit auffi aux Indes ; mais ils n’ ont pour garants
de ce fait que des témoignages , qui me paroiflent un
'Relation Ju Capitaine Rogers. Voyage de Dampierre, tome 111,
page y 6 y .
‘ Hiltoire generale des Voyages , tome V > pages t) y & y y o,
d e l ’ H i p p o p o t a m e . 4 3
peu équivoques; le plus pofitif de tous, feroit celui
d’Alexandre1 dans fa lettre à Ariltote, fi l’on pouvoit
s’afliirer par cette même lettre, que les animaux dont
parle Alexandre fuflent réellement des hippopotames;
ce qui me .donne fur cela quelques doutes , c’efl
qu’Ariftote en décrivant l’hippopotame dans fon Hif-
toire des animaux, auroit dit qu il fe trouvoit aux Indes,
aulfi-bien qu’en Égypte, s’il eût penfé que ces animaux,
dont lui parle Alexandre dans fa lettre, euflent été de vrais
hippopotames. Oneficrite b & quelques autres Auteurs
anciens, ont écrit que l’hippopotame fe trouvoit fur le
fleuve Indus; mais les Voyageurs modernes, du moins
ceux qui méritent le plus de confiance, n’ont pas confirmé
ce fait; tous s’accordent à dire , que cet animal
* Humanas carnes hippopotamis pergratas ejje, ex eis collegimus, qute
in libro Arijfotelis de mirabilibus india habentur, ubi Alexander macedo
fçribens a i Arijlotelem inquit. « Ducentos milites de Macedombus, levibus
armis, mifi per amnem natatulos ; itaque quartam fiuminis partem nata- «
verunt, cum horrenda res vifu nobis confpeâa ejl, hippopotami inter pro- «
fundos aquarum ruerunt gurgites aptofque milites nobisfentibus abfumpferunt. «
Iratus ego tune ex eis , qui nos in infidias deducebant, centum & quinquaginta «
mitti in fiumen jujfi, quos rnrfus hippopotami jufta dignes pana confecerunt».
Aldrov. de quad. digit. pag. 18 8 & 189.
L In India quoque reperitur hippopotamus, ut Oneficritus ejl autor,
in amne Indo. Hermokus apud Gefner de pifeibus, pag. 4 »7-
c Cofmographie du Levant, par André Thevet, page 1 y y . — Leoms
Afric. Africa deferiptio, Lugd. Bat, 1 6 3 2 , tom. I I , pag- 75® -
— L ’Afrique de Marmol, tome I , page y 1 ; & tome I I , page 14 4 .
— RelationdeThevenot, tome I.p a g e 49 1 . — Relation de l’Ethiopie,
par Poncel. Lettres édif. IV .' Recueil, page y 6 3. — Defcripuon
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