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» particulière, qui eft que cette fente n’étoit pas félon
» la diredlion de l’ouverture de l’oeil, mais fiiifoit un
» angle avec la ligne qui va d’un des coins de l’oeil à
» l’autre ; la glande lacrymale inférieure avoit un pouce
»> & demi de long, fur fept lignes de large.......Nous
» avons trouvé dans le cerveau une partie dont la gran-
» deur avoit aufïï rapport avec l’odorat, qui eft plus
» exquis dans l’élan que dans aucun autre animal, fuivant
» le témoignage de Paufanias ; car les nerfs olfàétifs,
» appelés communément lesapopliyfes matnniillaires, étoient
» fans comparaifon plus grands qu’en aucun autre animal
»> que nous ayons diflequé, ayant plus de quatre lignes
.» de diamètre. . . , Pour ce qui eft du morceau de chair
» que quelques Auteurs lui mettent fur le dos , & les
» autres fous le menton , on peut dire que s’ils me fe
» font point trompés ou n’ont point été trop crédules ,
a ces chofes étoient particulières aux élans dont ils
parlent». Nous pouvons, à cet égard* ajouter notre
propre témoignage à celui de M.rs de l’Académie,
dans l’élan que nous avons vu vivant , & qui étoit
femelle ; nous n’avons pas remarqué qu’il y eût une
loupe fous le menton , mi fur la gorge ; cependant
M. Linnæus, qui doit connoître les élans mieux que
nous, purfqu’il habite leur pays, fait mention de cette
loupe fur la gorge, & la donne même comme un caractère
eflentiel à l’élan : Alces, cervus cornibus a caulihis
palmatis caruncula gut tarait. Syft. nat. edit. X , pag, ,fi6.
J1 n’y a d’autre moyen de concilier cette aiïertion de
M- Linnæus,
d e l ’ É l a n i f du R e n n e . i i 3
M. Linnæus, avec notre négation , qu’en fupp'ofant
cette loupe ou caroncule gutturale à l’élan mâle que nous
n’avons pas vu; & fi cela eft , cet Auteur n’auroitpas
dû en faire un caractère eiïentiel à l’efpèce; puifque
la femelle ne l’a pas; peut-être aufiî cette caroncule
éft-elle une maladie commune parmi les élans, une
efpèce de goitre ; car dans les deux figures que Géfner 1
donne de cet animal, la première qui n’a point de
bois, porte une grofte caroncule fous le cou ; & à la
fécondé, qui repréfente un élan mâle avec fon bois,
il n’y a point de caroncule.
En général l’élan eft un animal beaucoup plus grand
& bien plus fort que le cerf & le renne h ; il a le poil
fi rude & le cuir fi dur que la balle du moufquet
* Gefrier. Hiß. quad. pag. i & 3.
L L’élan furpafîê le renne de beaucoup en-grandeur, étant égal
aux plus grands clièvaux ; l’élan , outre cela , a' les cornes bien plus
courtes, & larges de deux paulmes de main, Iefquelles ont aux côtés
& par-devant des- andouillers en allez petit nombre ; il n’a pas les
pieds ronds, fur-tout ceux de devant, mais longs, dont il fè bat rudement
; il en perce les hommes & les chiens. Il ne rcfîèmble pas
mieux au renne par la tête qu’il a plus longue avec de grandes &
großes lèvres qui lui pendent. Sa couleur n’eß pas fi blanche que
celle du renne, mais elle tire également par-tout l’on corps fur un
jaune très-obfcur, mêlé avec un gris-cendré, & puis quand il marche
On n’entend pas le bruit des jointures de fes jambes, comme i arrive
a tous les rennes . enfin quiconque a bien confidéré l’un & l’autre
animal. ( ce qui rn’efl plufieurs fois arrivé ) y a remarqué tant de
différences qu’il y a fujct de s’étonner de cé qu’il fe trouve des
perfonnes qui.les prennent pour le même. Scheffer, page 3 10 ,
Tome X ll. P