de chamoifeurs que l’on a donné à tous les paffeurs (fe
peaux, femble indiquer que dans ce temps les peaux
de chamois étoient la matière la plus commune de leur
métier, au lieu qu aujourd’hui ce font les peaux de
53 ce vent v ien t du côté d ’un homme à lu i , il le fendra de plus d ’une
>3 d emi-lieue ; quand d o n c il lent o u q u ’il entend qu e lqu e ch o ie , &
33 q u ’il ne peut pas en faire la dé couv e rte par les y e u x , i l . fe met à
•» fiffler a v e c tant de fo rc e que les rochers ou les forêts en retendirent ;
33 s ’ils font plu fieu rs , iis s’en épouvantent tous ; ce fifflement eft auffi
3» lo n g qu e l ’haieine peut tenir fans reprendre ,'il'e lt d ’abord fo r t aigu
33 & baille fur la fin ; le chamois fe repofe un in llan t, regarde d e tous
33 côtés & recommence à f if f le r , il continue d ’intervalle en intervalle
» il elt dans une agitation e x t rêm e , il frappe la terre du pied de devant
3» & quelquefois des d e u x , il le jette fur des pierres grandes & hautes,
3’ il r e g a rd e , il cou rt fur des éminences, & quand il a d é couve rt quel-
3» qu e ch oie il s’en fu it; le fifflement du mâle eft plus a igu qu e celui
33 de la femelle ; ‘ c e fifflement fe fait par les narines & n’eft proprement
33 q u ’un fouffle a igu trè s - fo r t, femblable au fon q u e p o u r ra it rendre
33 un homme en tenant la langue au p a la is , ayant les dents à p eu près
33 fermées, les lèvres ouvertes & un peu a lo n g é e s , & qu i fouffleroit
33 vivement & lo n g -tem p s . L e chamois fe nourrit des meilleures herbes,
33 il choifit les parties les p lu s délicates des plantes, comme la fleur & les
33 b o u rg eo n s tendres ; il eft très-friand de quelques herbes aromatiques,
33 particulièrement de la carline & du g é n ip p y , qu i font les plantes q u ’on
33 croit les plus chaudes des A lp e s ; il b o it trè s-peu quand il nian te de
’ 3 l ’herbe verte ; il aime beaucoup les feuillages & les petits bouts tendres
33 des arbrifleaux ; il rumine comme la chèvre après a vo ir m a n g é , la
33 nourriture dont il fait u là g e p a ra ît annoncer la grande chaleur de fon
33 tempérament. O n admire en cet anim a l, d eux b eaux g rand s yeux
33 ro n d s , qu i ont du feu , repréfentant la vivacité de fon naturel ; là tête
33 eft couronnée de d eu x petites cornes de la lo n g u eu r d e demi-pied
33 ju lq u a n e u f p o u c e s , d un beau n o i r , p o le e s dans le fro n t pre lque
33 entre les y e u x , au contraire de celles des autres animaux qu i fè jettent
chèvres, de moutons, de cerf, de chevreuil & de daim,
qui font plus que celles du chamois l’objet du travail
& du Commerce des chamoifeurs.
Et à l’égard de la propriété fpécifique que l’on attrien
arrière, celles-ci fortent en avant fur les yeux & fe recourbent à «
leurs extrémités très - rondement & finiflènt en pointe fort. aigue ; il ce
ajufte fort joliment fes oreilles à la pointe de fes cornes, il a deux <e
lunes de poil noir à côté de la face en defeendant des cornes ; le «
relie de la tête eft d’un fauve-blanc qui ne change jamais de couleur ; ce
on fait ulàge des cornes de chamois pour les porter fur des cannes ; les ce
cornes des femelles font plus petites & moins courbes, les Maréchaux «
s’en fervent pour tirer du fang aux chevaux. Les peaux de chamois»«
que l’on fait paflër à l’apprêt de la chamoiferie font très-fortes , ner- ce
veufes & bien fouples : on en lait de très-bonnes culottes en jaune ce
ou en noir pour monter à cheval, on en fait de très-bons gans & ce
quelquefois des vertes pour la fatigue; ces fortes d’habillemens font ce
d’une longue durée & de très-grand ufage pour les artilâns. Les cha- ce
mois n’habitent que les pays froids, on les trouve plus volontiers dans ce
les rochers efearpés & fourcilleux que par-tout ailleurs; ils fréquentent ce
les bois, mais ce ne font que fes forêts hautes & de Li dernière région ; ce
ces forêts font plantées de lapins, demélèfes & de hêtres; ces animaux ce
craignent fi fort la chaleur, que pendant l’été on ne les trouve jamais te
que dans les antres des rochers à l’ombre, fouvent parmi des tas de ce
neiges congelés ou des glaces, ou dans ces forêts hautes & bien ce
couvertes’toujours du côté du penchant des montagnes ou rochers ce
feabreux, qui font face au nord, & qui font à l’abri des rayons du ce
Soleil ; iis vont à la pâture le matin & le foir, & rarement pendant la ce
journée ; ils parcourent les rochers avec beaucoup d’aifance, les chiens ce
ne peuvent pas les fuivre dans tous les précipices ; il n’y a rien de fi ce
admirable que de les voir monter & defoendre des rochers inacceflibles, ce
ils ne montent ni ne defeendent pas perpendiculairement, mats en «
décrivant une ligne oblique en fe jetant en travers, fur-tout en def- «
Cendant, ils fè jettent du haut en bas au travers d’un rocher qui eft «
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