la brebis, dégénéré dans cette terre nouvelle, qu’ils y
font devenus plus petits; que la laine des brebis s’eft
changée en poil rude comme celui de la chèvre ; que
le bouquetin paroît être d’une race bâtarde, &c. Nous
croyons donc que la petite chèvre à cornes droites
& recourbées au fommet, que M. Linnæus a vue en
Hollande, 6c qu’il dit être venue d’Amérique , eft le
chamois de la Jamaïque, c’eft-à-dire , le chamois
d’Europe, dégénéré 6c devenu plus petit en Amérique;
& que le bouquetin de la Jamaïque que M. Browne
appelle bouquetin bâtard, eft notre capricorne, qui ne
paroît être en effet qu’un bouquetin dégénéré devenu
plus petit, & dont les cornes auront varié fous le
climat d’Amérique.
M. Daubenton * après avoir examiné fcrupuleufe-
ment les rapports du chamois au bouc & au bélier,
dit qu’en général il reffemble plus au bouc qu’au
bélièr; les principales difconvenances font, après les
cornes, la forme & la grandeur du front, qui eft moins
élevé 6c plus court dans le chamois que dans le bouc,
6c la pofition du nez qui eft moins reculé que celui
du bouc ; en forte que par ces deux rapports , le
chamois reffemble plus au bélier qu’au bouc ; mais en
fuppofànt, comme il y a tout lieu de le préfumer,
que le chamois eft une variété confiante de l’efpèce du .
bouc, comme le dogue ou le lévrier font des variétés
confiantes dans l’efpèce du chien ; on verra que ces
* Voyez ci-après dans ce Volume la defcription du cliamois.
différences dans la grandeur du front 6c dans la pofition
du nez, ne font pas à beaucoup près fi grandes dans
le chamois, relativement au bouc, que dans le dogue,
relativement au lévrier, lefquels cependant produifent
enfemble 6c font certainement de la même efpèce;
d’ailleurs , comme le chamois reffemble au bouc par
tin gpnd nombre,.& au bélier par un moindre nombre
de caraétères, fi l’on veut en faire une efpèce particulière
, cette efpèce fera néceffairement intermédiaire
entre le bouc 6c le bélier ; or, nous avons vu que
le bouc 6c la brebis produifent enfemble : donc le
chamois qui eft intermédiaire entre les deux, & qui,
en même temps eft beaucoup plus près du bouc que
du bélier par le nombre des reffemblances, doit produire
avec la chèvre, & ne doit par conféquent être
eonfidéré que commè'une variété confiante dans cette
efpèce.
Il eft donc prefque prouvé que fe chamois produiroit
avec nos chèvres , puifque ce même, chamois tranfporté
& devenu plus petit en Amérique , produit avec la.
petite chèvre d’Afrique; le chamois n’eft donc qu’une
variété confiante dans.l’efpèce de la chèvre,.comme
le dogue dans celle du chien , 6c d’autre côté nous ne
pouvons guère douter que le bouquetin ne foit la vraie
chèvre, la chèvre primitive dans fon état fauvage, 6c
qu’il ne foit à l’égard des chèvres donieftiques ce que
lé mouflon eft à l’égard des brebis. L e bouquetin ou
bouc fauvage reffemble. entièrement 6c exaélement au
T iij.