des chèvres, des gazelles & des autres efpèces qui y
ont rapport ; j’ai fait mes efforts St employé toute mon
attention pour y porter quelque lumière, & je n’aurai
pas regret à mon temps, fi ce que j ’en écris aujourd’hui
peut fervir dans la fuite à prévenir les erreurs, fixer les
idées & aller au devant de la vérité, en étendant les vues
de ceux qui veulent étudier la Nature ; mais revenons
à notre fujet.
Toutes les chèvres font fiijettes à des vertiges, &
cela leur efl commun avec le bouquetin & le chamoisa,
auffi-bien que le penchant qu’elles ont à grimper fur
les rochers ; & encore une autre habitude naturelle,
qui efl de lécher continuellement les pierres \ fur-tout
celles qui font empreintes de falpêtre ou de fel. On
1 O n trou ve beaucou p de chamois ou dé chèvres lâuvages dans tes
montagnes d e S u i f le .. . . O n nous appren d ic i q u ’ils font fujets aux
v e r t ig e s , & qu e quelquefois lo r lq u ’ils font attaque's d e c e m a l , ils le
viennent mêler dans les prairies a v e c les ch evaux & les v a c h e s , & le
b iffe n t prend re très - facilement. Extrait du voyage de Jean-Jacques
Scheuch?er. L o n d r e s , 1 7 0 8 . Nouvelles de la République des Lettres,
A m lte rd am , Jan v ie r 1 7 0 3 , page 18 2 .
1 Convenhmt feepe circa petras quafdam arenofas, & arenam inde lin-
gunt.... Qui Alpes incolunt Helvelii hos locos fua lingua F u ltz en tanquam
falarios appellant. G e lh e r , hiß, quad, p a g . 2 9 a . — C e q u i paroît lîngulier
au ch am o is , c ’eft q u ’on trou ve dans les A lp e s d ivers rochers q u e ces
bêtes ont creules à fo rc e de les lé c h e r ; ce n ’e l tp a s , à ce que l ’o n croit,
q u ’il y ait d u fol dans ces pierres : car il s’ y en trouve très - rarement ;
mais c e font d e s pierres poreufos compofé es de grains d e table qui
s ’en p eu v en t facilement détacher, & qu e les bêtes avalent comme
qu elqu e chofo de bien friand. Extrait de Scheuchyr. lb i i . page 1 8 y .
d u B o u q u e t i n i r du C h a m o i s , ire . 1 57
voit dans les Alpes des rochers creufés par la langue
des chamois, ce font ordinairement des pierres affez
tendres & calcinablês, dans lefquelles , comme l’on
fait, il y a toujours une certaine quantité de nitre ; ces
convenances de naturel, ces habitudes conformes me
paroiffent encore être des indices affez fûrs de l’identité
d’efpèce dans ces animaux; les Grecs, comme
nous l’avons dit, ne les ont pas fcparés en trois efpèces
différentes : nos chaffeurs, qui vraifemblablement
n’avoient pas confulté les Grecs, les ont auffi regardés
comme étant de meme efpèce ; Gallon Phæbus * , en
parlant du bouquetin, ne l’indique que fous le nom
du bouc fattvage, & le chamois qu’il appelleyfarus St
farris, n’efl auffi félon lui qu’un autre bouc fauvage ;
j’avoue que toutes ces autorités ne font pas preuve
complète, mais en les réuniffant avec les raifons & les
faits que nous venons d’expofer, ils forment au moins
de fi fortes préfomptions fur l’unité d’efpèce de ces
trois animaux, qu’on ne peut guère en douter.
Le bouquetin & le chamois, que je regarde, l ’un
comme la tige mâle, & l’autre comme la tige femelle
de l’efpèce des chèvres, ne fe trouvent, ainfi que le
mouflon, qui efl la fouche des brebis, que dans les
déferts St fur-tout dans les lieux efearpés des plus hautes
montagnes , les Alpes, les Pyrénées, les montagnes
de la Grèce St celles des îles de l’Archipel , font
* V o y e z la V én e rie de G a fto n P hæ b u s , imprimée à la fuite de ce lle
de D u fo u illo u x . Paris, i 6 1 4, feuillets 68 8? 6p.
V iij