deux bien décrit les moyens dont les Orientaux fe
fervent pour fàlfifier le mufc ; il faut nécefiairement que
qu'elle a le corps & les jambes plus déliées ; elle fe trouve dans la
haute Tartarie, dans la Chine lêpténtrionale qui lui eft limitrophe, &
au grand Tibet, qui eft un royaume entre les Indes & la Chine. Je
n’ai jamais vu de ces animaux-là en v ie , mais j ’en ai vu des peaux
en bien des endroits ; l’on en trouve des portraits dans l’amballàde des
Hollandois à la Chine, & dans la China illujlrata du P. Kircher : on
dit communément que le mufc eft une fueur de cet animal, qui
coule & qui s’amaflè en une veffie déliée proche le nombril; les
Orientaux difênt plus précifément qu’il fè- forme un abcès dans le
corps de cette chèvre, proche l’ombilic, dont l’humeur picote &
démange, fur-tout lorfque la bête eft en chaleur ; qu’alors à force
de le frotter contre les arbres .& contre les rochers, l’abcès perce,,
& là matière s’épanche au même endroit entre les mufcles & là peau
& en s’y- ainafîànt y forme .une manière d e Ibupe ou de veflîe; que
la chaleur interne échauffe ce fàng corrompu,& que c’eft cette chaleur
qui lui donne cette forte odeur que l’on fènt au mule. Les;
Orientaux appellent cette veflie le nombril du mufc., & auffi le nombril
odoriférant ; le bon mufc s’apporte du Tibet; les Orientaux l ’eftiment:
plus que celui de la'Chine , fb'it qu’il ait effectivement une odeur plus;
forte & plus durable', Toit que cela leur paroiflè feulement arrivant-
plus frais chez eux, parce que le Tibet en eft plus proche que la-
province de Xinfi, qui eft l’endroit de la Chine où l’on fait le plus;
de mufc. Le grand commerce de .mufc fe. fait à Boutan, ville célèbre'
dû royaume dé 'Tibet, les' Patans qui vont là en faire emplette, le
diftribuent par toute l’Inde, d’où1 on le tranfporte enfuite par toute
la terre; les Patans font voifins de la Perlé:& de la haute Tartarie
fùjets, ou feulement tributaires du grand Mogol. Les Indiens fond
cas de cette drogue aromatique,tant pour l’ufàge que pour la recherche
que l’on en fait, ils l’emploient en leurs parfums & confections, &
dans toùt ce qu’ils ont accoutumé de préparer pour réveiller l’humeur
amoureux, & pour re'tablirTa vigueur ; les femmes s’en fervent-po«1
les mcarebands en augmentent la quantité bien au-delà
de ce qu’on pourrait imaginer, puifque dans une feule
difliper les vapeurs qui montent dè la matrice au cerveau , en portant
une veflie au nombril; & quand les vapeurs font violentes & continuelles,
elles prennent du mufc hors de la veflie, l’enferment dans un
petit linge fait Comme un petit fac, & l’appliquent dans la partie que
la pudeur ne permet pas de nommer........ On tient communément
que lorfqu’on coupe le petit fàc où eft le mufc, il eh fort une odeur
fl forte, qu’il faut que le chaffeur ait la bouche & le nez bien bouchés
d’un linge en plufieurs doubles ; & que fouvent malgré cette précaution
, la force de l’odeur le fait fâigner avec tant de violence qu’il en
meurt. Je mè fuis informé de cela exactement ; & comme en effet j’ai
étui raconter quelque chofê de fèmblable à des Arméniens qui avoient
été à Boutan, je crois que cela eft vrai. Ma raifon eft que cette
drogue n’acquiert point de force avec le temps , mais qu’au contraire
elle pérd fon odeur à la longue; or cette odeur eft 11 forte aux Indes,
que je ne l’ai jamais pu fupporter. Lorfque je négociois du mufc,
je me tenois toujours à l’air, un mouchoir fur le vifàge, loin de ceux
qui manioient ces veffies, m’en rapportant.à mon Courtier, ce qui
me fit bien Connoître dès-lors que le mufc eft fort entêtant & tout-
â-fait infupportable quand il eft frais tiré; j’ajoute qu’il n’y a drogue
au inbride plus aifée à faififier & plus.fujette à l’être, il fe trouve bien
dés bourfes qui ne font que des peaux de l’animal remplis de fon fàng
& d’un peu de mufc pour donner l’odeur, & non cette loupe que
la fâgefîê de là Nature forme proche le nombril pour recevoir cette
efpèce d’humeur merveilleufo & odoriférante. Quand aux vraies veffies
même, lorfque le chaffeur ne les trouve* pas bien pleines, il prefïê
le ventre de cet animal pour en tirer du fàng dont il les remplit;.
Car on tient que le fàng du mufc, & même fà chair, fentent bon; les
marchands enfuite y mêlent du plomb, du- fang:dfi boeuf & autres
chofes propres à les appefantir, qu’ils1 font entrer dedans à force. L’art
dont les Orientaux fe fervent pour connoître cètte. falfification, faits
pavrir la veffie, eft premièrement au poids, à là main, J’expérience
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