J ’abandonne pas qn’il ne l’ait égorgé ; il fait la meme
guerre & emploie les mêmes rufes contre l’élan, qui
eft encore plus puiffant & plus fort que le renne ;
ce rofomack ou glouton du Nord eft le meme animal
que le carcajou ou quincajou de l’Amérique fepten-
trionale ; fes combats avec l’orignal font fameux, &
comme nous l’avons dit, l’orignal du Canada eft le
même que l’élan d’Europe ; il eft fingulier que cet
animal, qui n’eft guère plus gros qu’un blaireau, vienne
à bout d’un élan, dont la taille excède celle d’un grand
cheval, St dont la force eft telle que d’un feul coup
<Ie pied a ; il peut tuer un loup, mais le fait eft attefté
par tant de témoinsb, que l’on ne peut en douter.
| Lupi i f ungulis i f comibus vel interimunlur yel effugantur a l alct,
tanta enim vis ejlin iâu unguia ut illico traâum lupum interimat autfodiat
quod fæpius in canibus robufiffimis vcnatores experiuntur. Olai magni hift.
de gent. feptent. pag. 135.
b Quiefcentes humi i f ereâi Jlantes onagri maximi a minimâ quandoque
mujlelâ guttur infdiente mordentur ut fanguine decurrente illico deficiant
morituri. Adeo infatiabilis ejl hac bejliola in cruore fugendo ut vix fimilem
fu a quantitatis habeat in omnibus creaturis. Olai magni hift. de gent. fèpt.
pag. 134. — Nota. 1 .° Qu’OIaiis a fouvent défîgné l ’élan par Je mot
Onager. a.° Qu’il indique mal Je glouton en le comparant à une petite
belette ; car cet animal eft plus gros qu’un blaireau. — L e quincajou
monte dans les arbres, fe couche tout de fon long fur une branche,
attend-Ià quelqu’orignal : s’il en pafîè, il fê jette deflùs fon dos, il l’accole
de fes griffes, l’entoure de là queue, puis lui ronge le cou un peu
au-deflous des oreilles, tant qu’il le faflè tomber bas ; il a beau courir
& le frotter contre les arbres, il ne quitte jamais fà prifè. Defcription
3e l ’Amérique feptentrionale, par JDenys, page 321). — Le carcajou
attaque & met à mon l’orignal & le caribou ; l’orignal choifit en
de l’É l a n if du R e n n e . 107
L ’élan & le renne font tous deux du nombre des
animaux ruminans ; leur manière de fe nourrir l’indique »
& l’infpeétion des parties intérieures le démontre 1 ;
cependant Tornæus Schefferb, Regnard0, Huiden,,,
& plufieurs autres ont écrit que le renne ne ruminoit
pas ; Ray 0 a eu raifort de dire que cela lui paroiffoit
hiver un canton où .croît abondamment Yanagyris foetida ou bois puant,
parce qu’il s’en nourrit ; & quand la terre eft couverte de cinq ou fix
pieds de neige, il fe fait dans ces cantons des chemins qu’il n’abandonne
point qu'il ne foit pourfuivi par les chafl'eurs ; le carcajou,
ayant obfervé la route de l’orignal, grimpe fur un arbre auprès duquel
il doit paffer, & de-là s’élance fur lui & lui coupe la gorge en un moment
: en vain l’orignal fê couche par terre, ou fê frotte contre les
arbres , rien ne fait lâcher prifè au carcajou, & des chaflèurs ont trouvé
quelquefois des morceaux de fa peau | larges comn te la main, qui étoient
demeurés à l'arbre contre lequel l’orignal s étoit frotté. Dijloire dt
l’Académie des Sciences, année. î y o y , page i J ■
® Dans l’élan, ■ les parties du dedans avoient quelque chofê d approchant
de celui d’un boeuf, principalement en ce qui regarde les quatre
ventricules & les inteftins, Aîémoires pour Jervir a l’Dijloire des animaux,
partie I , page 1 8 4 .
b Ceci eft encore à remarquer dans le renne, qu’il ne rumine point
quoiqu’il ait la corne du pied fendue. Scheffer, page 2 0 0.
‘ L’on remarque auffi dans les rennes, que quoiqu’ils aient le pied
fendu, ils ne ruminent point. Regnard, tome I , page 1 0 p .
d Sunt bifulci i f comigeri, attamen non ruminant Rangiferi. Hulden ,
Rangiferi, &c.
• Profeâo ( inquit Peyerus) mintm videtur animal illud tam infigniter
cornutum ac preeterea bifculum, cervifque fpecie fmillimum ruminationt
dejlitui, ut digmrn cenfeam argumentum altiore indagine curioforum, quibus
Renoues forsfubminiftrat aut principum favor. Haétenus Peyerus ; mihi certi
non mirum tantum videtur fed plane incredibile. Ray- fyn- quad. pag. 89.
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