efpèce de chèvre fauvage qu’ils n’ont point caraétérifée;
de même tout ce que l’on peut conclure de ce qu’a
écrit Koempfer, c ’eft que l’animal du bézoard eft une
efpèce de chèvre làuvage ou plutôt une efpèce de gazelle,
auffi très-mal décrite; mais par les témoignages
de Thevenot, Chardin & Tavernier, ilparoît que cette
pierre fe tire moins des gazelles que -des moutons &
des chèvres fàuvages ou domeftiques'; & ce qui paroît
donner plus de poids à ce que ces Voyageurs en
difent, c’eft qu’ils parlent comme témoins oculaires,
Ôc que quoiqu’ils ne citent pas les gazelles au fujet du
bézoard, il n’y a guère d’apparence qu’ils fe foient
trompés , S i qu’ils les aient prifes pour des chèvres,
parce qu’ils les connoiffoient bien , Si qu’ils en font
mention dans d’autres endroits de leurs relations *;
l ’on ne doit donc pas alfurer, comme l’ont fait nos
Naturaliftes modernes, que le bézoard oriental vient
particulièrement Sc exclufivement d’une certaine efpèce
de gazelle; S i j’avoue qu’après avoir examiné , non-
feulement les témoignages des Auteurs ,, mais les faits
mêmes qui pouvoient décider la queftion, je fuis très-
porté à croire que cette pierre vient également de la
plufpart des animaux ruminans, mais plus communément
des chèvres & des gazelles: elle eft, comme
l’on fait , formée par couches concentriques , &
contient fouvent au centre quelque matière étrangère;
nous avons recherché de quelle nature étoient ces
* Voyage de Tavernier, tome I I , page 2 6 .
matières, qui fervent au bézoard oriental de noyau,
pour tâcher de juger en conféquence de l’efpèce de
l’animal qui les avoit avalées : on trouve au centre
de ces pierres des petits cailloux , des noyaux de
prunes, de mirabolans, do tamarin , des graines de
caffie, Sc fur- tout des brins de paille Si des boutons
d’arbres ; ainfi l’on ne peut guère attribuer cette
production qu’aux animaux qui broutent les herbes &
les feuilles.
Nous croyons donc que le bézoard oriental ne .vient
pas d’un animal particulier, mais de plufieurs animaux
difFérens, Sc il n’eft pas difficile de concilier avec cette
opinion les témoignages de la plufpart des Voyageurs ;
car en difant chacun des chofes contraires, ils n’auront
pas laiffé de dire tous à peu près la vérité. Les Anciens,
Grecs Sc Latins, n’ont pas connu le bézoard ; Galien
eft le premier qui faffe mention de fes vertus contre
le venin ; les Arabes ont beaucoup parlé de ces mêmes
vertus du bézoard , mais ni les Grecs, ni les Latins,
ni les Arabes n’ont indiqué précifément les animaux
qui le produifent. Rabi Mofes, Égyptien, dit feulement,
que quelques-uns prétendent que cette pierre fe forme
dans l’angle des yeux, Si d’autres dans la véficule du
fiel des moutons en Orient: or, il y a des bézoards
ou concrétions qui fe font en effet dans les angles des
yeux Si dans les larmiers des cerfs Si de quelques autres
animaux ; mais ces concrétions font très-différentes du
bézoard oriental, Si les concrétions de la vefieule du
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