2 H i s t o i r e N a t u re l l e
i| a la figure & les grâces du Cheval, la légèreté du
C e rf, & la robe rayée de rubans noirs & blancs,
difpofés alternativement avec tant de régularité & de
fymétrie, qu’il femble que la Nature ait employé la
règle & le compas pour la peindre : ces bandes alternatives
de noir & de blanc font d’autant plus fingulières
qu’elles font étroites , parallèles & très - exa&ement
féparées, comme dans une étoffe rayée ; que d’ailleurs
elles s’étendent non - feulement fur le corps, mais fur
la tête , fur les cuiffes & les jambes, & jufque fur les
oreilles & la queue ; en forte que de loin cet animal
paroît comme s’il étoit environné par-tout de bandelettes
qu’on auroit pris plaifir & employé beaucoup
d’art à difpofer régulièrement fur toutes les parties
de fon corps ; elles en fuivent les contours & en
marquent fi avantageufement la formea , qu’elles en
deffinent les mufcles en s’ élargiflant plus ou moins
fur les parties plus ou moins charnues & plus ou moins
arrondies. Dans la femelle, ces bandes font alternativement
noires & blanches; dans le mâle, elles font
noires & jaunes : mais toujours d’une nuance vive &
brillante fur un poil court, fin & fourni, dont le luftre
augmente encore la beauté des couleurs. Le zèbre eft
en général plus petit que le cheval & plus grand que
l’âne; & quoiqu’on l’ait fouvent comparé à ces deux
animaux, qu’on l’ait même appelé cheval fauvage b &
* Voyez ci-après la defcription du zèbre.
1 Equus feras genere fuo, Zebra, Klein, de quad. pag. y.
âne rayé *, il n’eft la copie ni de l’un ni de l’autre,
& feroit plutôt leur modèle, fi dans la Nature tout
n’étoit pas également original, & fi chaque efpèce
n’avoit pas un droit égal à la création.
L e zèbre n’eft donc ni un cheval ni un âne, il eft
de fon efpèce; car nous n’avons pas appris qu’il fe
mêle & produife avec l’un ou l’autre, quoique l’on
ait fouvent eiïàyé de les approcher. On a préfenté
des âneffes en chaleur à celui qui étoit l’année dernière
1 76 x à la Ménagerie de Yerfailles , il les a dédaignées,
ou plutôt il n’en a été nullement ému, du
moins lè figne extérieur de l’émotion n’a point paru;
cependant, il jouoit avec elles & les montoit, mais
fins éreétion ni hennilfement, & on ne peut guère
attribuer cette froideur à une autre caufe qu’à la dif-
convenance de nature ; car ce zèbre âgé de quatre ans,
étoit atout autre exercice fort v if & très-léger.
Le zèbre n’eft pas l’animal que les Anciens nous
ont indiqué fous te nom d'Onagre: il exifte dans Le
Levant, dans l’orient de l ’Afie & dans la partie
feptentrionale de l’Afrique une très-belle race d’ânes,
qui, comme celles des plus beaux chevaux, eft originaire
d’Arabie b ; cette race diffère de la race commune par
1 Infortunatum animal, quoi tam putchris colmribus proeditum , A fini
nomen in Europâ ferre cogatur. Vide Ludolphi commenta, pag. 1 5 9.
Ibique rybra figuram.
1 II y a deux lortes d’ânes en P erlé, les ânes du pays qui font
lents & pefàris, comme les ânes de nos pay s, dont ils ne lé lcrvent
A ij