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alors on voit à l'extérieur leur cp.ûlïcur & leurs joints comme
fur une agate-onyx; les bézoards ne perdent donc rien de leur
dureté dans le corps de l’animal, quoiqu’ils n’y prennent plus
d’accroilfement ; comment peut-on croire, comme le dit Koempfer,
qu’ils fe ramoliiffent, fe diffolvent & le détruifent, lorique l’animal
patfe plulieurs jours fins manger! le même Auteur ajoute,
avec auffi peu de vraifembiance, que fe bézoard n’eft pas dur &
foiide dans 1e corps de l’animal, qu’au contraire on l’en tire mou
& friable, comme un jaune d’oeuf durci dans 1 eau bouillante ;
que pour conferver le bézoard dans fon entier & dans tout fon
lullre, on le met dans la bouche pour lui donner fe temps de fe
durcir : il eft pourtant bien certain qu’il fe polit dans 1e corps
de l’animal durant tout le temps de fa formation, puifque toutes
fes couches font polies, fur leurs faces extérieures d’ailleurs en
fe tenant dans la bouche on ne lui donnerait pas plus de dureté
ni de poli, qu’il n’auroit pu en prendre dans le corps de l’animal,
puifqu’on 1e mettrait de nouveau dans un lieu où il aurait à peu
près la même chaleur & la même humidité. Il me femble que
Koempfer avoit été mieux inflruil lorlquil a dit que la formation
du bézoard dépend de la qualité des herbes dont l’animal
fe nourrit ; fes plantes glutineufes , aromatiques, réfineufes,
qui croilfent fur fes lieux élevés des pays chauds, paroiflènt en
effet fes plus propres pour la production du bézoard. Mais il y
a peu de pays où fes herbes reçoivent de la nature du fo l,
de la qualité de l’air & de l’action du Soleil fes lues propres
à former des bézoards orientaux : la ftructure du corps doit auffi
contribuer à cette formation ; car il ne p ro ît pas que toutes fes
efpèces d’animaux produifent des bézoards, même dans fes pays
chauds.
J 'ai lieu de préfumer que dans tous les p y s fes fixes des herbes
des BÉZOARDS Orientaux i f Occidentaux. 283
produifent fur fes dents mâchelières des différentes efpèces d’animaux
ruminans, dont j’ai déjà fait l’énumération , une matière
qui a des reflets de couleur dorée ou bronzée, car je 1 ai remarquée
fur tous les individus de ces efpèces que j’ai difféqués, ou dont
j’ai feulement vu les fquelettes : mais cette matière ne s’attache
aux bézoards que dans fes pays où fe trouvent fes animaux qui
donnent fes bézoards occidentaux qui en font revêtus, on dit que
c’eft en Amérique; la matière brillante & dorée revêt leurs couches
fucceffives fans pénétrer dans l’intérieur de ces couches, ou au
moins fans y porter fa couleur brune, comme dans 1e bézoard
oriental ; car la fubflance intérieure des couches du bézoard occidental
eft blanche ou jaunâtre : il y a lieu de croire que ce
bézoard vient d’un animai ruminant, & que ceux qui ne font
pas revêtus de matière dorée viennent d’animaux qui n’ont rien
de cette matière fur fes dents. J ’ai vu un bézoard, trouvé dans
fe colon d’un cheval, il n’a aucune écorce dorée, auffi fes dents
du cheval n’en ont point ; mais pourquoi les fucs concrets qui
forment cette écorce fur les bezoards occidentaux ne fe mêlent-ils
pas avec la partie tartareufe ou pierreufe, comme dans 1e bézoard
oriental! Pourquoi la furface de ce bézoard n’a - 1 - e lfe p s des
reflets de couleur dorée ou bronzée comme les bézoards occidentaux!
Ces différences ne viennent peut-être que de celles qui
font dans la qualité des fucs des plantes & des parties pierreufes
ou tartareufes, lorfque fes parties criftallines font abondantes &
pures, leur criftalliition fe fait p u t-ê tre avec trop de force pour
permettre le mélange du fuc concret des plantes.
L a criftaliifation du bézoard occidental eft fort régulière &
riaroît très-pure ; après avoir caffé une des couches de ce bézoard,
on aperçoit, à l’oeil nu, dans l’épiffeur de la couche de petits
ftries tranfverfaïes & brillantes; a i fes regardant m microfcope