de la Germanie des élans & des rennes, & que les
pacages de Céfar ne peuvent s’appliquer qu’à ces deux
animaux ; à mefure que l’on a défriché les terres &
defféché les eaux, la température du climat fera devenue
plus douce, & ces mêmes animaux qui n’aiment
que le froid auront d’abord abandonné le plat-pays,
& fe feront retirés dans la région des neiges fur les
hautes montagnes, où ils fubfilloient encore du temps
de Gallon de Foix; Se s’il ne s’y en trouve plus aujourd’hui,,
c’ell que cette même température a toujours
été en augmentant de chaleur par la deftruction pref-
qu’entière des forêts, par l’abailfement fuccelfif des
montagnes, par la diminution des eaux,, par la multiplication
des hommes, & par la fuccelfion de leurs
travaux & de l’augmentation de leur confommation
en tout genre. Il me paroît de même que Pline a
emprunté de Jules Céfar, prefque tout ce qu’il a
écrit de ces deux animaux , & qu’il eft le premier
auteur de la confufion des noms ; il cite en même
temps Valce Se le machlis, Se naturellement on devroiten
conclure que ces deux noms défignent deux animaux
diffère ns * ; cependant, fi l’on remarque , i.° Qu’il
* Nota. Plufieurs Naturaiiftes & même quelques-uns des plus favans,
tels que M. R a y , ont en effet penfé que le machlis de Pline Ce
trouvant dans Cet auteur à côté de l’a/ce ne pou voit être autre que
le renne. Cervus rangfer the raindeer. Plinio, machlis. Ray. fyn. quad.
psg. 88 . C ’eft parce que je ne fuis pas de ce fêntiment, que j ’ai cru
devoir donner ici le détail de mes raifons.
nomme firhplement Y aiee , fans autre indication ni
defeription, qu’il ne le nomme qu’une fois, & que'
mille part il n’en dit un mot de plus. 2.0 Que lui
feu! a écrit le nom machlis, Se qu’aucun autre auteur
Latin ou Grec n’a employé ce mot, qui même paroît
faétice * , Se qui félon les commentateurs de Pline,
efl remplacé par celui d ’alce dans plufieurs anciens
manuferits. 3.0 Qu’il attribue au machlis tout ce que
Jules Gélàr dit de Yalce ; on ne pourra douter que
le pafîàge de Pline ne foit corrompu, Se que ces deux
noms ne défignent le même animal, c’eft-à-dire Y élan.
Cette queftion une fois décidée, en décideroit une
autre ; le machlis étant Y élan, le tarandus fera le renne :
ce nom tarandus eft encore un mot qui ne fe trouve
dans aucun auteur avant Pline, & fur l’interprétation
duquel les Naturaiiftes ont beaucoup varié ; cependant
Agricola Se Éliot n’ont pas héfité de l’appliquer au
renne, & par les raifons que nous venons de déduire
nous fouferivons à leur avis ; au: relie, on ne doit:
pas être furpris du filence des Grecs au fujet de ces.
deux animaux, ni de l’incertitude avec laquelle les
Latins en ont parlé, puifque les,climats feptentrionaux
* Nota. On lit- a la marge de ce paffage de,Pline, achlin m lieu de.
machlin. Fortajjîs. achlin quod non cuhet.dïCent les commentateurs,ainfi:
ce nom paroît être fnétiee & ajufté à la fuppofition que cet animal ne
peut fe coucher ; -d'autre côté en trarifpôfant / dans alcé, on fait aclé,
qui ne diffère pas beaucoup d'achlis, ainfi' l’on peut encore, penfèr.
que ce mot a été corrompu par les copiftes , d’amant plus que l’on!
trouve aleem au lieu de.maehlin.dans quelques-anciens manuferits,.