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produit, ni dans L’état de domefticité, ni dans celui de
liberté. « J ’aurois bien voulu, dit M. Regnard, mener
” en France quelques- rennes en vie ; plufieurs gens l’ont
” tenté inutilement, St l’on en conduifit l’année paffée
” trois ou- quatre à Dantzic, où iis moururent, ne
» pouvant s’accommoder à ce climat, qui' eft trop, chaud
pour eux ».
Il y a en Lapponie des rennes fauvages & des rennes
domeftiques. Dans: le temps de la-chaleur, on lâche
les femelles dans les bois., on les. biffe rechercher
les mâles làuvages ; St comme ces, rennes làuvages
font plus robuftes & plus forts que les domeftiques ,
on préfère ceux qui font iffus de ee mélange pour les
atteler au traîneau : c e i rennes font moins, doux que
les autres ; car non-feulement ils refufent quelquefois
d’obéir à celui qui les- guide , mais ils fe. retournent
brufquement contre lui, l’attaquent à coups de pied,
en forte qu’il n’a d’autre reffource que de fe couvrir
de fon traîneau, jufqu’à ce que la colère de fa bête
foit appaifée ; au refte cette voiture eft fi légère, qu’on
la manie & la retourne aifément fur foi, elle eft garnie
par-défions de peaux de jeunes rennes , 'le poil tourné
contre la neige St couché en arrière, pour que le traîneau
gliffe plus facilement en avant & »recule moins
aifément dans Lamontagne; le renne attelé n’a pour
colier qu’un morceau de peau, où le poil eft refié,
d’où defcend vers le poitrail un trait qui lui paffe fous
le ventre , entre les jambes, St va s’attacher à un trou
d e l ’ É l a n ir du R e n n e . 99
qui*efl fur le devant du traîneau ; le Lappon n’a pour
guides qu’une feule corde, attachée à la racine du bois
de l’animal, qu’il jette diverfement fur Je dos de la
bête, tantôt d’un côté St tantôt de l’autre, félon qu’il
yeut la diriger à droite ou à gauche : elle peut faire
quatre ou cinq lieues par heure'; mais plus cette manière
de voyager efl prompte, plus elle eft incommode
, il faut y être habitué & travailler continuellement
pour maintenir fon traîneau & l’empêcher de verfer.
Les rennes ont à l’extérieur beaucoup de chofes
communes avec les cerfs, & la conformation des parties
intérieures eft, pour ainfi dire la même a; de cette
conformité de nature, réfultent des habitudes analogues
St des effets femblables. Le renne jette fon bois tous
les ans, comme le cerf, St fe charge comme lui de
venaifon ; il eft en rut dans la même faifon, c ’elt-à-
dire vers la fin de Septembre; les femelles dans l’une
St dans l’autre efpèce, portent huit mois , St ne pro-
duifent qu’un petit; les mâles ont de même une très-
mauvaife odeur dans ce temps de chaleur ; St parmi
les femelles, comme parmi les biches, il s’en trouve
quelques-unes qui ne produifent pas b ; les jeunes rennes
ont auffi , comme les feons dans le premier âge, le poil
’ Vide Rangifer. Anatom. Barth. AS. 1671 , n ." c x x x v .
1 Sur cent femelles, il ne s’en trouve pas dix qui ne portent, &
qui à caufe de leur üériiité font appelées Raorus ; celle s-ci put la
chair fort fucculente vers l’automne, comme fi elles avoient été en-
graiffées exprès. Stheffer, page a 0 4.
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