quinze ans, que je voulus faire deïïiner, mais comme
il refta peu de jours à Paris, on n’eut pas le temps
d’achever le delîein, & je n’eus moi-même que celui
de vérifier la defcription que M.rs de l’Académie des
Sciences ont autrefois donnée de ce même animal,
& de m’alfurer qu’elle eft exaéte & très-conforme à
la Nature.
« L ’élan (dit leredaéleur de ces Mémoires de l’Académie
* ) eft remarquable par la longueur du poil, la
grandeur des oreilles, la petitelfe de la queue & la forme
de l’oeil, dont le grand angle eft beaucoup fendu, de
même que la gueule, qui i’eft bien plus qu’aux boeufs ,
qu’aux cerfs & qu’aux autres animaux qui ont le pied
fourché__ L ’élan que nous avons diftéqué étoit à peu
près de la grandeur d’un cerf; la longueur de fon corps
étoit de cinq pieds St demi, depuis le bout du mufeau
jufqn’au commencement de la queue qui n’ étoit longue
que de deux pouces ; là tête n’avoit point de bois,
parce que c’étoit une femelle, & le cou étoit court
n’ayant que neuf pouces de long & autant de large,
les oreilles avoient neuf pouces de long fur quatre de
large.... La couleur du poil n’étoit pas fort éloignée
de celle du poil de l’âne, dont le gris approche quelquefois
de celui du chameau........Mais ce poil étoit
d’ailleurs fort différent de celui de l’âne , qui eft
beaucoup plus court, & de celui du chameau qui l’a
* Mémoires pour iïrvir à l’Hiftoire des anim. Partie I I ’, page i y S
I f fuivantes.
beaucoup plus délié ; la longueur de ce poil étoit de «
trois pouces , St fa grofleur égaloit celle du plus gros «
crin de cheval : cette grofleur alloit toujours en di- «
minuant vers l’extrémité qui étoit fort pointue, & vers d
la racine elle diminuoit aulfi, mais tout-à-coup , faifant «
comme la poignée d’une lance : cette poignée étoit «
d’une autre couleur que le refte du poil, étant blanche «
& diaphane comme de la foie de pourceau.. . . Ce poil «
étoit long comme à l’ours, mais plus droit, plus gros «
& plus couché, & tout d’une même efpèce ; la lèvre «
fupérieure étoit grande St détachée des gencives, mais «
non pas fi grande que Solin l’a décrit & que Pline l’a «
fait à l’animal qu’il appelle maclilis. Ces Auteurs difent «
que cette bête eft contrainte de paître à reculon, afin «
d’empêcher que là lèvre ne s’engage entre fes dents : «
nous avons obfervé dans la difleétion, que la Nature a «
autrement pourvu à cet inconvénient par la grandeur «
& la force des mufcles, qui font particulièrement def- «
tinés à élever cette lèvre fupérieure ; nous avons aulfi «
trouvé les articulations de la jambe fort ferrées par «
des ligamens, dont la dureté 6c l’épaifleur peut avoir cc
donné lieu à l’opinion qu’on a eue que Valce ne peut «
fe relever quand il eft une fois tombé.... Ses pieds«
étoient femblables à ceux du cerf, mais beaucoup plus «
gros St n’avoient d’ailleurs rien d’extraordinaire........ «
Nous avons obférvé que le grand coin de l’oeil étoit «
fendu en embas, beaucoup plus qu’il ne l’eft aux «
cerfs, aux daims 6c aux chevreuils., mais d’une façon «