8 H i s t o i r e N a t u r e l le
ni en Amérique, ni même dans toutes les parties fepten-
trionales de l’Afrique ; ceux que quelques Voyageurs*
difent avoir trouvé au Brefd| y avoient été tranfportés
d’Afrique; ceux que d’autres racontentavoir vus en Perfeb
& en
tout-à-fait à un mulet, excepté qu’il engendre ; fon poil eft fort
extraordinaire, depuis l’épine du dos jufqu’au déficits du ventre , il
a trois raies de différentes couleurs, &c. Voyages de la Compagnie des
Indes de Hollande, tome I V , page g 2 0 .
* Au Brefil, Iorfque j’y arrivai, je vis, deux animaux fort rares ;
ils étoient de la forme , hauteur & proportion d’une petite mule,
& toutefois ce n’eft pas une' efpèce de mule, parce que c’eft un
animal à part qui engendre & porte fon fembiable. La peau étoit
admirablement belle, polie & éclatante, . comme du velours, & le
poil auffi court; & ce qui eft plus étrange', c’eft quelle eft coin-
pofée de petites bandes extrêmement blanches & extrêmement noires,
fi proportionnellement que jufqu’aux oreilles, bout de la queue &
autres extrémités, il n’y avoit rien à dire de cette figure, fi bien
compaffée , qu’à peine l’art des hommes en pourrait faire autant.
Au'demeurant, c’eft une bête fort fière qui ne s’apprivoife jamais
tout-à-fait ; on lesappeloit, du nom du pays d’où elles Cont, E fire s ;
elle? naiffent en Angola, en Afrique , d’où on les avoit amenées au
Brefil, pour les préfenter par après au Roi d'Efpagne, & les ayant
prifes 'jeunes & fort petites, on les avoit un peu apprivoises, &
pourtant il n’y avoit qu’un homme qui les foignât & qui ollit en
approcher ; même peu auparavant que j ’y arrivaffe , une qui fe détacha
par aventure, tua un palfrenier.... Encore celui qui les traite
m’a montré comme elles l’avoient mordu en plufieurs endroits, quoiqu’elles
foient attachées fort court. Certainement c’eft la peau d’animal
la plus belle qu’on fauroit voir. Voyage de Pyrard, tome II, page y y ff.
b ^ Ambaffadeurs d’Éthiopie au Mogol dévoient donner en préfent
une efpèce de petite mule, dont j ’ai vu la peau qui étoit une chofe
très-rare,
& én Turquie * , y avoient été amenés d’Ethiopie ; 8c
enfin ceux que nous avons vus en Europe, font prefque
tous venus dtl cap de Bonne-efpérance : cette pointe
de l’Afrique eft leur' vrai climat, leur pays natal, où.
ils font en grande quantité, 8c où les Holiandois ont
employé tous leurs foins pour les dompter & pour les
rendre domeftiques fans avoir jufqu’ ici pleinement réufii.
Celui que nous avons vu, & qui a fervi de fit jet pour
notre clefcription étoit très - Étuvage lorfqu’i! arriva à
la Ménagerie du R o i , & il ne s’eft jamais entièrement
apprivoifé ; cependant on eft parvenu à le monter,
mais il falloit des précautions, deux hommes tenoient
très-rare, il n’y a tigre fi bien marqué, ni étoffe de foie à raies fi
bien rayée, ni avec tant de variété, d’ordre & de proportion qu’elle
l’étoit. Hijloire de la Révolution du Aîogol, par F r. Bernier. Amft. 1 7 1 0 ,
tome I , page i 8 1.
* Il arriva au Cairè un Ambaflâdeur d’Éthiopie, qui avoit plufieurs
préfens pour le Grand Seigneur, enfr’autres un âne qui avoit une
peau fort belle, pourvu qu’elle fût naturelle , car je n’en voudrois
pas répondre, ne l’ayant point examinée. Cet âne avoit la raie du dos
noire, & tout le relie du corps étoit bigarré de raies blanches, &
raies tannées alternativement, larges chacunes d’un doigt , qui lui
eeignoient tout le corps ; la tête, étoit extrêmement longue & bigarrée
comme le corps ; les oreilles noires, jaunes & blanches ; les jambes
bigarrées de même que le corps, non pas en long des jambes,
mais a l’entour jufqu’au bas en façon de jarretière, le tout avec tant
d’ordre & de mefure qu’il n’y a point de peau de tigre ou de
léopard fi belle. II mourut à cet Ambaflâdeur deux ânes pareils, par
les chemins, & il en portoit les peaux pour préfenter au Grand
Seigneur, avec celui qui étoit vivant. Relation d’un voyage, par
Thevenot, tome I , pages 4 7 1 CX y-74.,
Tome XII. B