164. H i s t o i r e N a t u r e l l e
bue au fang du bouquetin pour de certaines maladies,
6c fur-tout pour la pleuréfie ; propriété qu’on croyoit
particulière à cet an im al, 6c qui par conféquent auroit
indiqué qu’ii étoit lui - m êm e d ’une nature particulière ;
». à peu près p e rp en d icu la ire , de la hauteur de p lu s de v in g t & trente
» p ie d s , (ans q u ’ii y ait ia moindre plac e p o u r po ië r o u retenir leurs
» pieds.; ils frappent ie roch er trois à quatre fo is des pieds en fe pré-
» c ip itan t, & vont s’arrêter à qu elqu e petite place a u -d e flo u s , qu i eit
» p ro pre à les re ten ir ; ii p a r a ît , à les vo ir dans les p ré c ip ic e s , q u ’its
» aient plutôt des aîles qu e .des jam b e s, fi grande eit ia fo rc e de leurs
» nerfs; on a prétendu qu e ie chamois s’accroche par les cornes pour
»m o n t e r & d e ic e a d re les ro ch e r s , je n’ai jamais v u q u ’ii fè fe rv e de
» fes co rne s p o u r c e tu fa g e , j ’en ai beaucou p vu & j ’en ai tué p lu fieu r s ,
» je 11’ai p u v é rifie r c e fa i t , je n ’ai trou vé aucun chaflèur qu i m’ait
» afîuré l'avoir v u , iis ne m ’en ont jamais dit autre c iio fe que ce que
» je v ien s d e dire. S i le chamois monte & de feend aiiement les ro ch e r s ,
» c ’eff par fon agilité & la fo r c e de fes jam b e s, il les a fo r t hautes &
» bien d é g a g é e s , ce lle s de derrière paroiffent un p e u plus longu e s &
» toujours re c o u rb é e s, cela les fovorife p o u r s ’élancer de lo in ; & quand
» ils fe jettent de b ien haut , ces jambes u n p eu repliées re ço iv en t le
» ch o c q u ’ils fo n t en fe p ré c ip ita n t, elles font l ’effet de deux refîorts
» & rompent ia fo r c e du c o u p . O n prétend que quand il y a plufieurs
» chamois en fem b le , il y en a un qu i fait fentinelie, & q u ’il eft député'
» p o u r veiller à la fùreté des autres; j ’en ai vu plufieurs t ro u p e a u x ,
» mais je n ’ai pas p u faire cette d iflin é lio n ; il eft vrai qu e quand il y
» en a p lu fie u r s , il y en a toujours qui regardent pendant que les
» autres m a n g e n t, je n’ai rien d iftingu é en cela de plus particulier que
» dans un troupeau de moutons ; car le premier qui aperçoit qu e lqu e
» ch oie q u i lui eft étranger avertit les autre s, & dans un inftant leur
» imprime à tous la même crainte dont lu i-m ême a été frappé. Pendant
» la rigu eu r de l’hive r & dans les grande s neiges les chamois habitent les
» forêts les p lu s hautes & v iv en t de feuillages de la p in , de b ourg eons
» d a rb r e s , d ’arbrifîêaux & de qu e lqu e p e u d ’herbes sèches ou v e r te s ,
on a*reconnu que le fang du cham ois 1 , 6c m êm e celui
du bouc dom eftique b avoit les m êm es vertus lorfqu’on
le nourrilToit avec les herbes arom atiques, que le bouquetin
6c le charrfois ont coutum e de paître : en forte
que par cette m êm e propriété ces trois animaux paroiffent
encore fe réunir à une feule 6c m em e elp èce.
s’ils en trouvent , qu’ils découvrent avec le pied ; les forêts où ils le «
plailènt font celles qui font remplies de précipices & de rochers ; la ce
chaffe du chamois eft très-pénible & extrêmement difficile, celle qui ce
eft la plus en ufoge eft de les tuer en les furprenant à la laveur de cc
quelques éminences, de quelques rochers ou greffes pierres en fè ce
gliflânt adroitement de loin, derrière & fans bruit, en examinant encore ce
fi le vent n’y fora pas contraire ; quand on arrive à portée, on s’ajufte ce
derrière ces éminences ou greffes pierres en ft couchant quelquefois, ce
ôtant fon chapeau , ne fortant que la tête & les bras pour faire adroi- «
tentent un coup de fufil ; les armes dont on fe fort font des carabines ce
rayées, bien ajuftées pour tirer de loin avec une fouie balle, qui eft ce
forcée dans le canon ; on a autant de foin pour tenir ces armes nettes , ce
comme on en a pour tirer au prix de l’arquebufo ; on fait auffi cette ce
chalfe comme on ferait celle du cerf ou autres animaux, en portant ce
quelques chaiïèurs dans les partages, tandis que les autres vont foire «
la battue & forcer le gibier, il eft plus à • propos de foire ces battues ce
par des hommes qu’avec des chiens, les chiens difperfont trop vite les ce
chamois & les éloignent tout de fuite à quatre ou cinq lieues ». — Voyey_.
aufft a ce Jujet la troijième defeription du voyage des Alpes de Scheuchzer.
Londres, 17 0 8 , page 1 1 Ù" fuiy antes.
* Voyez la note précédente, communiquée par M. Perroud.
b Voyez l’Hiftoire des animaux, par M ." Amault de Nobleville &
Salerne, tome IV , pages 2 y.y & 2 4 4 .