terminés par des empaumures : au lieu que celui de
l’élan n’efl, pour ainfi dire, que découpé & chevillé
fur la tranche ; tous deux ont de longs poils fous le
cou, & tous deux ont la queue courte & les oreilles
beaucoup plus longues que le cerf : ils ne vont pas
par bonds & par faüts, comme le chevreuil ou le
cerf, leur marche eft une efpèce de trot, mais fi
prompt & fi aifé qu’ils font dans le même temps
prefqu’autant de chemin- qu’eux, fins fe fatiguer autant;
car ils peuvent trotter ainfi, fans s’arrêter, pendant un
jour ou, deuxa ; le renne fe tient fur les montagnes h ;
l ’élan n’habite que les terres baffes & les forêts humides
: tous deux fe mettent en troupes, comme le
cerf & vont de compagnie : tous deux peuvent s’ap-
privoifer, mais le renne beaucoup plus que l’élan ;
en haut, n’étant à proprement parler que les rejetons des grandes
cornes que le renne porte courbées en arrière comme les cerfs. Au
refte, cela n’efl: pas fort ordinaire, on voit plus fréquemment des
rennes qui ont trois cornes, & le nombre de ceux qui en ont quatre,
comme nous l’avons expliqué, eft encore plus grand; tout ceci
doit s’entendre des mâles qui les ont grandes^ larges & avec beaucoup
de branches : car les femelles les ont plus petites, & elles n’y ont
pas tant de rameaux. Idem. Scheffer, page 3 0 6.
* L ’orimial ne court ni ne bondit, mais fbn trot égale prelque la
courfe du cerf. Les Sauvages aflurent qu’il peut en été trotter trois
jours & trois nuits fans fè repofer. Voyage de la Hontan, tomel
gage S y.
b Rangifer habitat in alpibus Europce i f Aftoe maxime feptentrionaübus,
yiditat Lichene Rangiferino.. . . . . Alces habitat in boretflîbus Europot
Afioeque populetis. p p t Jÿ jl. nat. edit. X , pag- 67,
E> E L ’ É L A N éV du R EN N E. 95
celui-ci, comme le cerf, n’a nulle part perdu fa liberté
au lieu que le renne eft devenu domeftique chez le
dernier des peuples ; les Lappons n’ont pas d’autre
bétail. Dans ce climat glacé, qui ne reçoit du Soleil
que des rayons obliques, où la nuit a fa faifon comme
le jour, où la neige couvre la terre dès le commencement
de l’automne jufqu’à la fin du printemps, où
la ronce, le genièvre & la moufle font feufs la verdure
de l’été ; l’homme pouvoit-il efpérer de nourrir des
troüpeaux! le cheval, le boeuf, la brebis, tous nos
autres animaux utiles ne pouvant y trouver leur fvbfif-
tance, ni réfifter à la rigueur du froid ; il a fallu
chercher,parmi les hôtes des forêts, l ’efpèce la moins
fauvage & la plus profitable ; les Lappons ont fait ce
que nous ferions nous - mêmes , fi nous venions à
perdre notre bétail : il faudrait bien alors, pour y fup-
pléer, apprivoifer les cerfs, les chevreuils de nos bois,
& les rendre animaux domeftiques ; & je fuis perfuadé
qu’on en viendrait à bout, 6c qu’on fauroit bien-tôt
en tirer autant d utilité que les Lappons en tirent de
leurs rennes. Nous devons fentir par cet exemple,
jufqu’où s’étend pour nous la libéralité de la Nature ;
nous n’ufon-s pas à beaucoup près de toutes les ri-
chefles quelle nous offre, le fonds en eft bien plus
immenfe que nous ne l’imaginons : elle nous a donné
le cheval , le boe u f, la brebis, tous nos autres
animaux domeftiques pour nous fervir, nous nourrir,
nous vêtir; & elle a encore des efpèces de réferve,