bouc domeftique par la conformation , l’organifation ,
le naturel & les habitudes phyfiques, il n'en diffère
que par deux légères différences, Tune à l’extérieur &
l ’autre à l’intérieur; les cornes du bouquetin font plus
grandes que celles du bouc, elles ont deux arêtes longitudinales
, celles du bouc n’en ont qu’une ; elles ont
auffi de gros noeuds ou tubercules tranfverfaux, qui
marquent les années de l’accroifTeiTient, au lieu que
celles des boucs ne font, pour ainfi dire, marquées
que par des ftries tranfverfàles ; la forme du corps eft
pour tout le refte abfolument femblable dans le bouquetin
& le bouc; à l’intérieur tout eft auffi exa&ement
pareil, à l’exception de la ratte, dont la forme eft ovale
dans le bouquetin & approche plus de celle de la ratte
du chevreuil ou du cerf que de celle du bouc ou
du bélier : cette dernière différence peut provenir du
grand mouvement & du violent exercice de l’animal ;
le bouquetin court auffi vite que le cerf, Sc faùte plus
légèrement que le. chevreuil ; il doit donc avoir la
rate faite comme celle des meilleurs coureurs : cette
différence vient donc moins de la Nature que de l ’habitude
, & il eft à préfumer que fi nos boucs domef-
tiques devenoient fauvages, & qu’ils fuffent forcés à
courir & à fauter comme les bouquetins , la rate re-
prendroit bien-tôt laforme la plus convenable à cet exercice
; & à l’égard de fies cornes, les différences quoique
très-apparentes n’empêchent pas qu’elles ne reffemblent
plus à celles du bouc qu’à celles d’aucun autre animal ;
ainfi le bouquetin Sc le bouc étant plus voifins l’un de
l’autre que d’aucun autre animal par cette partie même,
qui eft la plus différente de toutes ; l ’on doit en conclure
, tout le refte étant le même, que malgré cette
légère Sc unique difconvenance , ils font tous deux
d’une feule Sc même efpèce.
Je confidère donc le bouquetin, le chamois Sc la
chèvre domeftique,: comme une même efpèce , dans
laquelle les mâles ont fubi de plus grandes variétés que
les femelles, & je trouve en même temps dans les
chèvres domeftiques des variétés fecondaires, qui font
moins équivoques Sc qu’il eft plus aifé de reconnoître
pour telles-, parce qu’elles appartiennent également aux
mâles Sc aux femelles; on a v;u que la chèvre d’Angoraa,
quoique très-différente de la nôtre par le poil Sc par les
cornes,, eft néanmoins de la même efpèce; on peut
affurer la même chofe du bouc de Juda (p i. x x )
duquel M. Linnæus : a eu raifon de rie faire qu’une
variété de l’ëfpèce domeftique; cette chèvre qui eft
commune en Guinée c, à Angole Sc fur les autres côtes,
d’Afrique ne diffère, pour ainfi dire.,,de la nôtre qu’en,
* Voyez le V.' volume dê cette Hifîdire, page y i , p l .x & x i .
1 Linn. fy f i.n a t . Edit. X , pagi 68V ’
On trouve dans le pays de Guinée une grande quantité de'chèvres,
fèmElables à- celles d-Europe, finon qu’elles y font, comme-toutes.
Es autres bêtes-, extraordinairement petites:' mais elles font beaucoup
plus graflès & plus charnues que les moutons ; .c’eft pourquoi if y a
des perfonnes qui les-èftiment incomparablement plus, for-fout les-
petits boucs que l On châtre. Voyage de Boj'mcin, page