
C O L Ô M B I N E.
La fiente des Pigeons , connue sous le nom
tle Colombine ou de poulne'e, est un des plus
puis sans engrais que nous possédions; il fertilise
en peu de tems les prairies humides et
froides ; il double la re'colte des plantes légumineuses,
et surtout celle du chanvre, quand
on sait l’employer à propos. Facile à transporter,
cet engrais est surtout précieux dans
les pays de montagnes, ou.les terres morcelées
est éloignées des habitations, ne présentent
qu’un accès difficile auxvoitures.
La Colombine est tellement remplie de matières
salines et extractives, que, si on ne l’exposait
pas un certain tems à l’air, sur-tout
par un tems pluvieux, on courroit les risques,
on la répandant trop promptement ou sans la
mélanger avec un terreau végétal et dans une
quantité trop considérable, d’altérer les semailles
et de détruire les premiers principes de
Ta germination. On peut la disséminer à claire-
voie sur les terres fortes, toutes les fois qu’on
sème quelque grain, ou même conjointement
avec la semence. Olivier de Serres s’exprime
ainsi sur les propriétés de la Colombine:
„ Le premier et meilleur de tous les fumiers des
„ qu’els on puisse faire estât, est celui du
„ Colombier, pour sa chaleur, qu’il a plus
„ grande que nul autre, dont il est rendu
„ propre à tout Usage d’agriculture , de telle
,, sorte, que peu profite beaucoup ; mais c’est
„ à condition que Fan intervienne tost après
,, pour corriger sa force, autrement il nuiroit
„ plutôt qu’il ne profiteroit, attendu que seul,
„ sous être tempéré d’humidité, brusle ce qu’il
„ touche. C’est pourquoi autre saison ni a t’il
„ pour son application que l’automne et l’hiver,
„ le printemps étant suspect pour sa proxi-
s, mité de l’été.’’
„ Avec1 discrétion sera distribué le fient du
„ Colombier, de peur que par trop grande
„ quantité la semence n’en fût bruslée ; pour-
,, quoi on la sème par la terre à la façon du
„ blé, et presqu’aussi rarement.''
La propriété énergique qu’on observe dans la
Colombine, nommée engrais, vient sans doute
Je l’ammoniaque quelle contient en abondance:
dans quelques provinces , on mitige son
activité en la mêlant avec du crotin de
«heval ou du fumier de vache pouri; mais