6 I . E R H I N O C E R O S UNICORNE.
e t d'herbes grossières, il vient qucltjucfois dévaster les (.liamps, surtout ceux tie
cannes à sucre. Le Rliinooéros de 1749 mangeait 60 livres de ibin et 20 livres de
pain par jour. Celui de M. Parsons consommait 7 livres de riz mél é de sucre, et
une grande quantité de foin et d'herbe verte. Le grand que nous représentons
consommait i5o livres de foin. Ses excréments ressemblent à ceux du Cheval;
mais ils sont plus gi'os et plus secs. Il dort d'un sommeil très-profond.
Les dépouilles du Rhinocéros n'ont pas une grande utilité; son cuir sert surtout
à faire des manclies de fouet; sa corne a quelque valeur en orient, où l'on en fait
des vases auxquels les Indiens et les Arabes attribuent la vertu de faire découvi-ir
le poison si l'on y versait des liqueurs qui en continssent. II faut que ce préjugé
soit fort ancien, car Arrien compte déjà, dans son pérvple de la mer rouge, les
cornes de Rhinocéros au nombre des objets de commerce.
Les limites assignées par la natui-e à cette espèce unicorne, ne sont pas
p a r f a i t e m e n t connues : on sait bien qu'elle est à peu près la seule qui habile dans
l e continent de l'Inde ; mais différents rapports semblent faire croire qu'on en
t r o u v e aussi dans quelques cantons de l'Abissinie. L'individu que Chardin vit à
Ispahan en venait, et Bruce rapporte qu'on en voit quelques uns vers le Cap
G a r d e f a n : mais tous ceux de l'inlérieur du pays sont, selon lui, à deux cornes,
ainsi que tous ceux du Cap de Bonne-Espérance.
Ohseivaùons analomitjues sur le HJtmoce'ros.
I j E Hhinocéros adulte de la ménagerie de VersaiUes dont nous avons parlé dans l'article précédent,
se noya dims son bassin en Juillet tygS. Il fut apporté à Paris quelques jours après, où, malgré
k chaleur extrême de la saison, MM. MerUud et Vic-d'Azir s'occupèrent, pendant plusieurs jours,
à en lirire Tanatomie. Ces deux Auatomistes sont morts sans avoir- publié leurs observalions • mais
les dessins fails sous lein-s yeux par Maréchal et Redouté, sont déposés il la BibliolMque du
Muséum, avec de petites notes explicatives de la main de tWA z i r . Je crois du devoir de ma
place de communiquer aux Nalnralistes ce que ces dessins, au nombre de 36, présentenl de plus
miporlant : c'est ici la première occasion que j'aye trouvée de m'acquitter de ce devoir. Un jour
sans doute on fera graver ces dessins, et le pubhc en jouira d'une manière plus complète.
A rouvorlure de l'abdomen, se présentèrent d'abord trois courbures d'inieslins disposées en
travers, ayant chacune plus d'un pied de diamètre; les deux premières étaient réunies, sur leur
longnetu-, par un tissu cellijairc épais qui faisait croh-e, an premier coup d'ceil, qu'elles ne faisaient
qu'.m seul boyau ; mais en fendant ce tissu avec précaolion, on rccomral qu'elles n'étaient que
codées, et qu'elles formaient par- conséquent deux rephs dilIiSrenls du même inteslin ; la ti'oisième
de ces portions apparentes élait le On voyait régner à sa face anlériem-e une bande
tendmeuse; mais les deux portions de colon n'en présentaient poinl. En avant de ces Irois porlions
intestinales, se distinguait une pelitc partie de l'estomac, recouverte par V^pipho,. : celui-ci élait
rephé au dessus du colon; mais il était assez grand pont le couvrir enSèremenl s'il eùl élé étendu.
Derrière le Coecum, en avant du puhis, se remarquait une Irès-pelile parlie de l'inleslin lïeoj?
1,'eston.ac avait une figure allongée, arrondie par- les deux bouts, et presque égale en diamèlre
dans toute son étendue, exceplé vis-i-vis du cardia, où il élait un peu plus gros et dans un
endroit situé aux deux tiers de la di.lance du pylore au cardia, où il y avait un étranglement
notable. Il avait quatre pieds, de droite à gauche, sur environ quatorze pouces de diamèlre. Le
carda éla.i à quinze pouces de l'exlrémilé gauche et le pylore i, sept de la droite. Ces deux
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oiivortiires étaient, l'une el l'autre, du côté de la petite coiu-bure. La rate était altacbéc à presque
toute la grande courbure de l'estomac; sa longueur était de près de quatre pi(;ds, et sa lai-gcur
do plus d'un pied; sa forme était une ellipse allongée. Le foie n'avait qiie deux lobes et un petit
lobule; son lobe droit était plus grand que le gauche, qui était divisé par une scissure assez
profonde; on voyait une autre petite scissure sur la base et vers le Ijord intérieur du lobe di'oit.
Co foie étendu avait, de droite h gauche, quatre pieds huit pouces; il n'y a point de vésicule du
tiel, mais un canal hépatique énorme, qui pénétré dans le duodenum par un trou situé â côté de
celui par où entre le canal pnacréatique, de manière que ces deux canaux ne se réimis.se!it point;
leurs entrées dans le duodenum sont gcU'nies chacune d'un petit sphincter ou valvule ilotiante.
.Te ne trouve rien qui indique la longueur précise du canal intestinal. Outre les deux arcs du
colon dont nous avons déjà parlé, cet intestin a d'autres portions moins volumineuses, et dans
lesquelles on distingue mieux les boursoufllures et les bandes tendineuses. Le coecum a plus de
deux pieds de long sur quinze pouces de diamètre; sa surface est assez unie par-devant; les
boursoutlliu'es y sont beaucoup plus remarquables piu; derrière.
I.a siuface interne des intestins oflre des observations extrêmement curieuses Dans le premier
tiers de la partie du duodenum, située entre le pylore et l'insertion des canaux hépatiques et
pancréatiques, la membrane interne produit, par ses replis, de petites lames saillantes longitudinales,
dont la figure serait celle d'un segment de cercle de peu de hauteur. Vers le dernier tiers de cet
espace, ces lames saillantes prènent graduellement luie forme triangidaire et ime direclion plus
transversale; eUes se changent en espèces de papilles pyramidales. A six pouces de l'insertion de
ces canaux, ces papilles, ou plutôt ces lames, deviénent beaucoup plus nombreuses, et reprénent
une fonile comprimée, arrondie, irrégulièrement lobée ou fendue.
On en trouve de groupées, de doubles et de triple,?. Au-del;\ de l'inserlion de.ces canaux, les
jiapilles s'allongent en filaments cyhndriques que l'on peut comparer à de petits vers de teri'e pour
la grosseur et pour la figure. Ces filaments sont si serrés vers le milieu de la longueur du canal,
qu'ils couvrent tout à fait la surface interne de l'intestin sans y laisser d'espace libre; il y en a
qui ont Jusqu'f\ dix lignes de largeur. Plus loin, leur nombre diminue, leur exU'émité s'amincit,
mais leur longueur augmente ; il y en a de plus d'un pouce et de quinze lignes : quelques uns
ont l'extrémité fourchue. Cette disposition continue jusqu'à l'insertion de Viléon dans le coecum;
mais ici elle cesse subitement. I.a valvule du coecum est circulaire et garnie, à sa sm-face concave,
de plusieiu's petites valvules conniventes. I/intérieur du coecum ne présente que les j-ides et les
inégalités ordinaires; mais dans l'intérieur du colon, on retrouve une quantité de ces plis ibrmant
des lames saillantes intérienrement : seulement ils y sont toujours dh-igés dans le sens trajisversal.
Dans le voisinage du rectum, ces replis s'étendent toujoiu's davantage en largeui-, et occupent,
souvent circulairement, tout le pourtour du canal. Celui de tous ces replis qui est le plus grand,
sépare précisément la cavité du colon de celle du rectum: il n'y a presque aucun de ces replis
dans ce dernier intestin.
I.a verge du Rhinocéros a déjà été décrite et figurée par Parsons, par Edwards et par Gordon.
Elle est assez singulière : la partie qui sort du prépuce cutané ordinaire est d'un beau rouge, et en
formo de cône ailojigé et h-onqué par le boul. La ti-oncature est creuse, et il en sort une petite
¡mrtie en forme de champignon, dont la tête serait elliptique au lieu d'être ronde. I,'orifice de
l'urèthre est placé au tiers postérieiu- de la longueur de l'ellipse. On remarque sur la face postérieure
de lu verge, près de sa troncature, une série de huit ou dix petites pointes charnues. I,es niamelons
sont au côté de la racine de cette verge ; il y en a un dans chaque aine. Les testicules sont un peu
plus en arrière que les mamelons, et ils font à peine une sailhe sensible au travers de la peau,
c(uoiqu'ils soient réellement liors de l'anneau. Ils ont im épididyme distinct, et le reste du canal
déférent n'est point replié sur lui-mâme ; mais après èti-e rentré dans l'amieau, il se rend dans
l'urètlu-e connue ù l'ordinaire.
J e n'ai rien trouvé sur hi structure intérieure des vésicules séminales, ni sui- l'existence ou la
uoR oxistenco des prostates et des glandes de Cowper.