2 L' O U R S N O I H
Voilà ce que nous ont effort les Jeux individus de noire Ménagerie. Le cabinet
d u Muséum en possède un plus grand, qui a ïécu dans la Ménagerie de Chantilly,
et qui avait été préparé pour le cabinet du prince de Condé. 11 a cinq pieds du bout
du museau à la racine de la queue.
11 y a dans le pays des intlividtis beaucoup plus grands; Bartrara parle d'une
femelle de sept pieds de long, et qui pesait quatre cents livres.
Nous sommes aussi en état de donner quelques détails sur l'ostéologie de l'Ours
noir, en ayant disséqué un jeune que madame la princesse Borghese, soeur du
premier Consul, avait ramené d'.4mérique à Marseille, et dont elle avait fiiit
présent au Général Cervoni, commandant de la division militaire, qui le mil à
noire disposition.
n n'y a de différences bien sensibles que dans la forme de la téte, et ces differences
sont toutes correspondantes à celles que l'on voit au travers de la peau ; ainsi le front
est presque aussi applati que dans l'Ours blanc ; mais la ligne inférieure de la
mâchoire y est beaueotq) moins droite, et se rapproche de celle do l'Oiffs brun.
Ce jeune Ours nous a encore donné à connaître un fajt intéressant pour
l'histoire de son espèce ; c'est que dans le premier iige elle ne porte point ce
collier qui dislingue les jeunes Oiu-s bruns. Noire individu avait absolument les
mêmes couleurs que les adultes.
L'Ours noir n'habite que l'Amérique septentrionale, et jwur en avoir l'histoire
pure et sans mélange, il ne faut consulter que ceux qui ont voyagé dans ce pays-là,
conmie Charlevoix, Duprats, Lawsou, Brickel, Calesby, Hearnc et Mackensie.
Il ne paraît point qu'il ait passé dans l'Amérique méridionale ; M. d'Azzara n'en
parle point dans son Histoire des Animaux du Paraguay, ni Molina dans celle du
Chili ; et dans les nombreux envois de peaux d'animaux qui se font de la Guyane
à notre Muséum, celle de l'Ours noir ne s'est jamais trouvée.
Les premiers colons del à Virginie, « delà Caroline, en rencontrèrent beaucoup;
mais Us se sont éloignés des côtes à mesure que la population a augmenté.
Ils se portent au nord jusqu'à la baie d'Hudson, et à la mer glaciale; et l'on dit
([u'il en passe au travers des iles Aleuliennes et des détroits qui les séparent,
jusqu'au Kamschatka , aux ¡les Kouriles, et pcut-élre jusqu'au Japon ; mais ils ne
viènent dans la Louisiane que vers le conmiencement de l'Iiiver, et il faut qu'il soit
de bonne heure très-rude, pour qu'il y en descende beaucoup.
Ils sont maigres quand ils y arrivent, parce qu'ils ne quittent le Nord qu'à regret,
et quand la disette les y force : au reste, ils finissent par ,se cabaner dans ce pays-là,
tout coimne dans ceux plus au nord. C'est dans des troncs d'arbres creux qu'ils se
retirent, ffuelquefois à une assez grande hauteur. Vers les bords de la iiaie d'iludsou,
ils se font leur tanière dans la neige. 11 faut que la femelle y mette bas comme
celles des autres Ours, et qu'elle se cache même avec plus de soin que les milles;
car on assure qu'on n'en a jamais trouvé avec ses petits. Sur cinf[ cents Ours qui
furent lués dans la Virginie, dans un seul hiver, il n'y on eut que deux de femelles,
et elles n'étaient pas pleines.