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tisseiTient du sommet; les oreilles sont larges, courtes, minces et presque nues;
le corps est plus gros en arrière qu'en avant j la queue ne forme qu'un petit
tubeiTule conique sans poil; les jambes sont fines et sèches; celles de devant ont
quatre doigts bien apparents, et un cinquième dont on ne voit que l'ongle; celles
de den-icrc n'en ont que trois, mais ])lus gros que les autres, et armés de gi-ands
ongles plats et triangulaires; elles sont d'un tiers plus longues que celles de de^
vant; l'animal les tient presque toujours à demi ployées; le poil est de longueur
médiocre, roide, lisse, et d'ordinaii-c serré contre le corps; ceux de la ci-oupe
sont un peu plus longs que les autres; la couleur de ces derniers est d'un fauve
orangé assez vif; celle du reste du dessus du corps est un mélange de brun fauve
et de noirâtre; le dessous est un jaune tirant sur le gris et sur le roux. La partie
dorsale est plus noirâtre que le reste; les jambes sont presqu'entièrement noir
i-dtres. Les dents incisives de l'Agouti sont d'un jaune foncé; ses molaires, au
nombre de quatre de chaque côté, tant en haut qu'en bas, présentent une couronne
parfaitement plate, ovale, échancrée de chaque côté, et creusée de quelques sillons
étroits et irréguliers. Il y a douze mamelles; on ne voit point de scrotum;
la verge, dans son état tranquille, se dirige en arrière; le gland est armé comme
celui des Chats, de papilles aiguës et dures, recourbées en arrière, et il a de plus
deux petites lames osseuses en forme d'ailes, dont le bord tranchant est dentelé
en scie, et dont les dents sont dirigées en avant. Les viscères n'ont rien de particulier;
l'estomac est médiocre et le coecum grand, sans l'être autant que celui
du Lapin.
L'Agouti habite dans la Guyane, le Brésil, le Paraguay et dans quelques-unes
des Antilles: d'Azzara dit expressément qu'il n'y en a point à Rio-de-la-Plata, et
nous ne voyons pas que ceux qui ont décrit les animaux du Mexique et des autres
parties de l'Amérique septentrionale, ayent fait mention de celui-ci. Cest le quadrupède
le plus commun à la Guyane, selon Laborde ; il a été en grande partie
détruit dans celles des Antilles qui sont bien cultivées; on n'en voit plus à la
Martinique, mais il y en a encore à Sainte-Lucie; il paraît qu'il n'y en a que
fort peu à Saint-Domingue, quoique Buffon dise qu'il y est commun; du moins
le citoyen Moreau de Saint-Méry assure-t-il que quelques individus ayant été
trouvés par hasard, aucun des anciens habiiants de la colonie ne les reconnut,
Cest un animal très-vorace; il dévore indifféremment toutes sortes d'aliments,
les fruits, les patates, le manioc, les feuilles et les racines de toutes sortes de
plantes; sa principale nourriture consiste cependant en noyaux de différents arbres;
il ne refuse pas la chair lorsqu'il peut s'en procurer; sa manière de prendre sa
nourriture consiste à la saisir et à la soulever avec la bouche, et à la soutenir
avec les mains en se tenant assis sur sa croupe. Lorsqu'il trouve plus d'aliments
qu'il n'en peut consommer, il les cache dans des trous souterrains, et les y laisse
quelquefois plus de six mois sans y toucher. Il ne boit jamais; ses urines sont
très-fétides. Sa course est assez rapide, surtout en plaine et lorsque le terrain va en
montant. L'Agouti est sujet, comme le Lièvre, à mlbuier dans les descentes, et par
la même raison, c'est-à-dire à cause de la hauteur de son train de derrière. C'est pen-
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dant le jour qu'il prend son mouvement; on en voit souvent à Caïenne, des troupes
do vingt ei davantage, courir ensemble; dans le repos, il s'assied souvent sur les talons
connue l'Ecureuil; ii a alors i'iiabitude de se frotter la léLe et les oreilles avec
les pieds de devant. Il se tient de préférence dans les bois et dans les lieux couverts,
et choisit pour sa retraite des troncs d'arbres creux, qu'il achève de s'approjiricr
avec ses dents et ses mains. On les y trouve solitaires, excepté les femelles
cpii ont des petits, et ils y passent les nuits eniières, à moins qu'il ne fasse un
beau clair de lune. Les femelles produisent deux ou trois fois par an, et mettent
bas indistinctement en toute saison, deux petits selon Buffon et d'Azzara, quatre
ou cinq selon Laborde. Elles préparent dans leiu- trou un lit de feuilles pour les
recevoir; ces petits naissent déjà assez avancés, ils ont plus de six pouces de long;
leur mère les transporte souvent d'un lieu à un autre conmie font nos Chattes;
l'allaiiement ni l'accroissement total ne sont pas de longue durée.
Il paraît que l'Agouti s'habitue aisément à l'esclavage; mais on se soucie fort
peu de l'apprivoiser, à cause de son inquiétude naturelle, et de son penchant à
tout ronger et à tout détruire; il coupe en quelques secondes les cordes avec
lesquelles on l'attache; il perce les portes et les cloisons des lieux où on le renferme
et s'échappe aisément de partout. Lorsqu'on l'appèle ou qu'on l'effi-aye dans
la campagne, il s'arrête pour écouter, et frappe du pied de derrière comme le
Lapin cl le Porc-Epic; en l'irrilant encore davantage, on lui fait rendre un cri
qu'on a comparé à celui d'un Cochon de lait; il hérisse aussi son poil, surtout
celui de la croupe; d'Azzara assure même que pour peu que sa crainte soit vive:,
la contraction de sa peau devient si forte que ses poils tombent à poignée; c'est
à peu près <-e qui a lieu pour les épines du Porc-Épic, lorsqu'il les redresse avec
trop de rapidité. Sa vue n'est pas aussi bonne que son ouie; c'est lorsque le jour
est dans tout son éclat qu'on le chasse avec plus d'avantage; on le poursuit avec
des Chiens, et il n'est pas très-aisé à prendre en plaine; mais s'il vient à se jeter
dans quelque champ de cannes à sucre, il s'y embarrasse tellement qu'on peut
l'atteincbe et le tuer à coups de bdton. On peut encore l'enfumer dans son trou
comme nous faisons pour les Renards. Celte chasse est utile dans des pays où il
y a peu (l'autre gibier; on mange la chair de l'Agouti à Caïenne et aux Antilles,
mais non au Paraguay selon d'Azzara. Quoiqu'elle ail un petit goût de sauvage,
elle est assez agréable; Laborde assure qu'elle est toujours tendre et jamais grasse,
et Moreau de St-Méry dit qu'elle participe un peu du goût de celle du Lièvre et
de celle du Lapin; selon Margrave, la chair des sauvages est meilleure que celle
des dojuesiiques. La manière ordinaire de l'apprêter est de l'échauder el de le
faire rôtir avec sa peau comme un Cochon de lait. Sa peau est encore, selon Laborde,
propre à faire des empeignes de souliers.
Cette description et ces observations ont pour objel l'Agouli ordinaire; il n'est
pas bien certain que les deux individus que la ménagerie du Muséum a possédé
«, et doni la femelle est représentée sur la phuu'he relative à cet article, n'appartiènent
pas au moins à une race particulière dans l'espèce do l'Agouti. Voici
les principales différences qu'ils offraient lorsqu'on les comparait avec les Agoutis
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