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ils voulaient expliquer par là la Juréd (le leur ilémersion : eelte conjecture est
fausse; cl le Irou ovale se ferme après la naissance, comme dans les autres animaux
à saniî chaud.
Les- Cétacés auraient été obligfe, pour respirer, de faire sortir leur museau de
l'eau, et, par cons(k|uenl, de redresser leur tête d'une façon très-inconnnodc, si
leurs narines eussent été placées comme celles des Quadrupèdes; au lieu de cela,
elles sont percées à fiuelque endroit de la face supérieure de la tète, et mémo
presque à son sommet dans certaines espèces; il en résulte que l'animal n'a besoin
que <le loucher, pour ainsi dire, la surface de l'eau pour pouvoir respirer l'air,
d'autant plus que son larynx n'est pas simplement une fente percée sur le plancher
d u gosier; mais qu'il s'élève eomtne tme pyramide, et <|u'll pénètre assez haut dans
les arrière-narines; il y est embrassé par le voile du palais qui, dans les Cétacés,
est absolument circulaire, et pourvu d'tm sphinrter qui serre étroitement le larynx,
de manière qtte l'air communique librement depuis les narines percées au sommet
de la téte jusque dans le fond du poumon, et que, dans le même temps , l'animid
peut ouvrir sa bouche et y laisser entrer l'eau et les aliments sans craindre (|u'il
en pénètre aucune parcelle tlans sa trachée-artère.
Conmie les Cétacés, ainsi que les Poissons, prènent leur proie dans l'eau. Us
avalent chaque fois tme grande quantité de ec liquide. Les Poissons ont dans les
ouies un moven naturel de se débarrasser du superflu; les Cétacés, qui ne respirent ,
pas par des ouies, avaient besoin d'un autre moyen; c'est par leurs narines qu'ils
rejèlent cette eau inutile, et ils le foui avec tant de force, qu'ils produisent souvent
des jets très-élevcs qui leur ont valu, de la part des Marins, le nom générique
de Souffleurs. Le mécanisme de ces jets d'eau est assez curieux pour mériter une
exposition un peu détaillée. Ent r e les narines osseuses et la peau extérieure, est une
poche membraneuse, susceptible d'une dilatation considérable; l'animal y pousse,
par ses arrière-narines, l'eau qu'il a de trop dans sa bouche; et comme il y a dans
les narines une valvule charnue qui cède bien à l'eau ascendante poussée par l'effort
de la langue et du pharynx, mais (|ui ne la kis,se pas retomber, l'eau .s'acctnuule
petit il petit dans cette'poche. Celle-ci c,st pressée de toute part par dos muscles
puissants, et lorsqu'ils se contractent , l'eau, qui ne peut redescendre, toujours à
cause de cette valvule, est obligée de .sortir par l'ouverture extérieure des narines,
nui étant fort étroite par rapport à la qttantité d'eau, la fait s'élancer en jets plus
ou moins élevés.
Ce passage conlinucl d'eau salée empêche que le canal ordinaire des narines ne
puisse servir de .siège à l'odorat ; cette eau aurait affecté douloureusement une
membrane piluitaire assez sensible pour percevoir des odeurs, f^es narines des
Cétacés ne sont donc revêtues ipte d'une peau sèche et lisse, et la plupart de leurs
espèces manquent même absolument de la première paire de nerfs, qui, dans
tous les aniniatui vertébrés, est affectée an sens de l'odorat.
On ne doit pas en conclttre ceponilant qu'ils soiu tons absolument dépourvus
de la faculté de percevoir les odeurs; on trouve, par exemple, dans le Marsouin,
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deux grandes oavitcs siluccs dans lepaissQur des joues, revalues iiilcrieuremenl
d'une membrane humide, ircs-semblable à la piiuitaiie, animées par des nerfs qui
dcriveiit de la cincjuieme paire, cL coiumutiiqueni par une pciiie ouveriure avee
le gi'and canal des narines; il est difficile d'ai iribuer à ces caviies d'autres fondions
que celles d'élre le siège de l'odorat; leur ouveriure, dans le canal, est dirigée vers
le haut, et son bord est disposé en valvule, de manière que l'eau des jeis ne peut
y péiiélrer; mais l'air et les vapeurs que l'eau elle-même laisse après son passage,
y ont mie entrée libre, et l'animal jieut sentir .ainsi les odeurs répandues lanl dans
l'air que dans l'eau. Suivant Hunier et M. Albers, le genre des Baleines est pourvu
d ' u n nerf olfactif, et possède, dans une partie reculée de ses racines, mi lubvrinllie
de feuillets osseux, pareil à celui qu'on trouve dans les narines des Quadrupèdes
ordinaires.
Cette manière de prendre sa nourri ture simplement en l'avalant, commune aux
Cétacés et à la plupart des Poissons, a rendu chez eiuc les dents beaucoup moins
imporiantes que dans les Quadrupèdes, aiicndii qu'elles ne servent presque point
à mdcher, mais seulement à retenir la jn'oie. Aussi ne irouve-l-on point chez eux
cette diiTcrence si notable, entre les incisives, les canines et les molaires ; mais
lorsqu'ils ont des dénis, elles sont toutes vseniblables, et plusieurs manquent
absolument de dents, soit à l'une des mâchoires, soit à toutes les deux.
C'est à ce peu d'action des dents qu'est due sans dout e la complication de l'estomac;
c a r , pour l'ordinaire, l'imperfection de l'organe masticatoire est suppléée par plus
de force dans l'organe digestif. 11 y a des Cétacés »[iii ont l'estomac composé de
c i n q , de six, ou même de sept poches différentes, selon la manière de compter
de difTérents xVnalomisles, manière qui peut vai-ier, par des raisons que nous verrons
plus bas.
Le genre des Dauphins, auquel le Marsouin appartient, se distingue des autres
genres de Cétacés, pan'e qti'il est le seul qui ait tout le pomHour de ses deux
mâchoires également rempli de dents; mais elles n'ont pas la même forme dans
toutes les espèces du genre. Celles de l'Epaulard sont grosses et coniques; celles
d u Dau])hin aiguës et crocluies; celles du Marsouin applaties et paraboliques. Le
nombre de celles-ci est de 34 ^ chatjue côté.
Le Marsouin diffère encore du Dauphin par la forme de sa tête. Le museau du
premier est arrondi de loule part comme un dcmi-élipsoïde; dans le second, il y
a en avant de la partie arrondie uiie pointe applatie horizontalement, qui représente
une espèce de bec, et (|ui a lait nonuucr le Dauphi n Oie de Mer par les Pêcheurs.
Le nom de Marsouin est ime corruption de celui île Mcei--sclm>ein, par lequel
on désigne ce même animal <lans les langues du Nord, et qui signifie Cochon de
mer. Cette dénoxuination vient du lard épais de ))Ius d'un pouce qui enveloppe
tout le coï'ps du Marsouin, immédiatement sous la peau, il est <riine grande
blancheur, et lorsqu'on le pressure, ou qu'on le fait chauffer, il se résout presque
eniièremcnl en nne huile semblable à celle de iJaleine. l'ouie la chair est tellement
imprégnée <le l'odeur de cette huile, «[u'cile n'est pas mangeable.
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